La route illuminée
"L'esprit est la réalisation créatrice de chaque instant, l'intégration du commencement et de la fin en une synthèse
dont la naissance et la signification se renouvellent à chaque instant" (Dane Rudhyar)
 
 
"Apprenez vos théories aussi bien que vous le pouvez puis mettez les de côté quand vous entrez en contact avec le vivant miracle de l'âme humaine." C.G Jung

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Krishnamurti et Carl Gustave Jung

Dans "Face à la Vie", aux éditions Adyar, j'ai découvert une réflexion de Krishnamurti, qu'il est intéressant de mettre en parallèle avec les recherches de Jung sur l'inconscient.

En cherchant à provoquer un développement total de l'être humain, nous devons, évidemment, prendre en considération le monde inconscient aussi bien que le monde conscient.

"N'éduquer que la conscience de surface sans tenir compte de l'inconscient provoque des contradictions intérieures dans les vies humaines, avec toutes leurs frustrations et leurs misères.

La conscience cachée est plus vitalement importante que la superficielle. La plupart des éducateurs se contentent de donner des informations ou des connaissances au niveau superficiel de la conscience, afin que l'élève puisse exercer un métier et s'adapter à la société. Ainsi les couches cachées ne  sont jamais touchées : tout ce que fait cette soi-disant éducation est de leur superposer une couche de connaissances et de techniques et une certaine capacité à s'adapter au milieu.

La conscience cachée est beaucoup plus importante que celle superficielle, quelque bien éduquée qu'elle soit et capable d'adaptation; et elle n'est rien de très mystérieux.

L'inconscient, ce qui se cache dans les esprits, est le réceptacle des mémoires raciales. Les religions, les superstitions, les symboles, les curieuses traditions particulières à chaque race, les influences des littératures sacrées et profanes, les aspirations, les frustrations, les manières de se comporter, les variétés de l'alimentation, tout cela est enraciné dans l'inconscient.
 
Les désirs secrets et apparents avec leurs motifs, leurs espoirs, leurs craintes, leurs souffrances, leurs plaisirs, et les croyances qu'alimente de différentes façons le profond désir de sécurité, tout cela aussi est contenu dans l'inconscient, lequel n'a pas seulement cette extraordinaire capacité de contenir le passé résiduaire mais aussi celle d'influencer le futur. La conscience superficielle reçoit des émissions de l'inconscient dans des rêves ou de quelque autre façon, lorsqu'elle n'est pas totalement absorbée par les évènements quotidiens.

Le monde caché de la conscience n'a rien de sacré et rien qui puisse faire peur, ni faut-il un spécialiste pour l'exposer à la conscience superficielle. Mais parce qu'il a une énorme puissance, la conscience consciente ne peut pas le traiter comme elle voudrait le faire. Elle est en grande partie impuissante par rapport à lui. Quelque effort qu'elle fasse pour le dominer, le façonner, le diriger pour satisfaire ses besoins sociaux et l'utiliser dans ses poursuites du moment, elle ne peut qu'érafler sa surface, de sorte qu'il se produit une scission ou contradiction entre les deux. On essaye de jeter un pont sur cet abîme au moyen de disciplines, de pratiques variées, de sanctions, etc... Mais on ne peut pas y parvenir.

L'esprit conscient est occupé par l'immédiat, le présent limité, tandis que l'inconscient est sous le poids des siècles et ne peut être ni endigué ni détourné pour des nécessités immédiates. L'inconscient a la qualité du Temps profond et le conscient, avec sa culture récente, ne peut pas le plier à ses exigences du moment. Pour déraciner cette contradiction intérieure, l'intelligence de surface doit comprendre en silence cette impossibilité - ce qui ne veut pas dire laisser toute liberté de se manifester aux innombrables désirs cachés. Lorsqu'il n'y a pas de résistance entre l'apparent et le caché, celui-ci, ayant la patience du Temps, ne violera pas l'immédiat.

La conscience cachée, inexplorée, incomprise, prend contact avec les provocations et les exigences du présent immédiat, par l'entremise de sa partie superficielle qui a été "éduquée". Celle-ci peut répondre d'une façon adéquate à ce défi, mais à cause de la contradiction qui existe entre elle et l'inconscient, toute nouvelle expérience qu'elle peut vivre ne fait qu'intensifier leur conflit. Ce conflit donne lieu à d'autres expériences, lesquelles élargissent encore l'abîme entre le présent et le passé. Les expériences vécues en surface sans comprendre les couches internes de la conscience ne peuvent que produire des conflits de plus en plus profonds et étendus.

L'expérience ne libère pas et n'enrichit pas l'esprit ainsi qu'on le pense en général. Tant qu'elle donne de la vigueur à celui qui vit l'expérience, il doit y avoir un conflit. En ayant des expériences, un esprit conditionné ne fait que renforcer son conditionnement et perpétue ainsi sa contradiction et sa misère. Ce n'est que pour l'esprit capable de comprendre en totalité son mode d'être que l'expérience vécue peut être un facteur de libération.

Lorsque l'on perçoit et que l'on comprend la puissance et les capacités  des nombreuses couches cachées  de la conscience, les détails peuvent être envisagés avec sagesse et intelligence. L'important est de comprendre ces profondeurs et non d'instruire la surface bien que cela soit nécessaire aussi ; Cette compréhension libère l'esprit de tout conflit, et alors seulement on agit avec intelligence.

Nous devons éveiller la pleine capacité de l'esprit dans ces couches superficielles actives au cours de la vie quotidienne et aussi comprendre ses couches cachées. Il se produit alors une plénitude de vie en laquelle la contradiction avec ses alternances de souffrances et de douleurs, n'existe plus. Il est essentiel de connaître la partie cachée de la conscience et de percevoir son activité, mais il est également important de ne pas s'y absorber et de ne pas lui accorder une valeur excessive. Ce n'est que lorsque l'esprit se connaît en surface et en profondeur qu'il peut transcender ses propres limitations et découvrir une félicité qui n'appartient pas au Temps"
 



Krishnamurti


Jiddu Krishnamurti





C.G. Jung

C.G. Jung