"Apprenez vos théories aussi bien que vous
le pouvez puis mettez les de côté quand vous entrez en contact avec le
vivant miracle de l'âme humaine." C.G Jung
Dans
les derniers moments de sa vie, Dane Rudhyar, au cours d'une
conférence au R.I.T.A. (le Rudhyar Institute for Transpersonal
Astrology qu'il avait fondé) a évoqué le futur de l'humanité. Un
futur "global". Depuis longtemps, il avait eu l'intuition
que la globalisation était inévitable certes, mais surtout
nécessaire, à cause de tout un tas de raisons, dont l'accélération
des communications, la possibilité de faire le tour du monde en
quelques heures, grâce à l'évolution des transports, les
migrations de population aussi, et aussi bien sûr parce que si nous
souhaitons - entre autres - entreprendre des actions pour préserver
notre écosystème, et rendre hommage à la Terre Mère, il allait
falloir nous y mettre tous ensemble.
Bien
que connaissant parfaitement les dérives possibles de la
globalisation en termes économiques, politiques et sociaux - prise
de pouvoir par certains peuples au détriment d'autres appelés à
disparaître ou à se fondre dans la masse - et en termes culturels
ou religieux, etc ... à cause de cela justement, Rudhyar a toujours
plaidé pour l'individuel,
le respect des peuples et des cultures, parce qu'il voyait toutes ces
parties qui composent notre monde comme des particules conscientes et
agissantes, reliées à toutes les autres particules du grand Tout,
permettant à chacune d'entre elles de s'enrichir mutuellement et
d'agir ensemble.
Dans
cette conférence, Rudhyar transmet à ses auditeurs son héritage
philosophique, dont le principal est le concept d'homme
semence.
Ce
texte se trouve en ligne dans un site d'astrologie hollandais en
introduction d'un merveilleux "Rudhyar Tribute", à cette
adresse :
I
feel we are at the threshold of a new age and that we need now, more
than anything else, a new approch to human relationships and to
social organisation. We need a planetary approch, wee need a
synthetic approch. We need something in which the individual learns
his own function in the world, because if we are to have a global
world, the individual learns his own fucntion in the world, because
if your are to have a global world, the individual has to be
established in his own identity that can afford to cooperate with
other people all over the world, independant of their culture, their
race, their tradition and so on.
Je
sens que nous sommes au seuil d'un nouvel âge, et que ce dont nous
avons besoin maintenant, bien plus que de quoique ce soit d'autre, c'est
d'une nouvelle approche des relations humaines et de l'organisation
sociale. Nous avons besoin d'une approche
planétaire, il nous faut une approche synthétique. Nous avons
besoin de quelque chosequi permette à l'individu de
comprendre quelle est sa fonction propre dans le monde, parce que si
nous devons vivre dans un monde globalisé, il faut
alors que chaque individu se soit construit une identité solide qui lui donne les moyens de
coopérer avec tous les hommes de par le monde, indépendamment de leur culture,
de leur race, de leurs traditions, etc ...
It
is very important therefore, that one should learn how to establish
oneself in one's own identity. We need a new type of human being. We
need something which is based no longer so much on conflict, but on a
full acceptance of the total human being, body, mind, soul, feelings,
everything. An esthetic approach versus an ethical approach, so that
you can see the relationship in which everything stands inside the
whole, so you can look at the whole and become identified with the
"wholeness" of that whole, rather than with any particular
part.
Pour
ce faire, il est donc très important que chacun apprenne comment il
peut s'établir solidement dansson identité propre. Nous avons
besoin d'un nouveau type d'êtres humains. Nous avons besoin de
quelque chose qui ne soit plus autant basé sur
la notion de conflit, mais plutôt sur l'acceptation pleine et
entière de la totalité de l'être
humain, corps, esprit, âme, sentiments, tout. Une approche
esthétique en contrepartie d'une approche
éthique, de façon à être capable de voir comment tout est en
relation à l'intérieur du tout, voir ce
qu'est le tout, et s'identifier avec la "totalité" de
ce tout, plutôt qu'avec une quelconque de ses parties.
Now
this is, of course, a very difficult situation. We are certainly in a
difficult time and what is ahead of us today, I dont know. I am
rather pessimistic as far as the immediate future is concernad,
considering the way the world is moving at the present time. But you
must realize that crises are sometimes necessary to accomplish what
is to be accomplished. The only problem, however, is this : something
must be ready before the great crisis comes - when the new cycle
begins - for it will have to begin on the foundation of thoses seeds
which have been sown before the crisis. If you have a winter followed
by a spring, but there was no harvest in the fall, no seed will
germinate during the spring and you will have to start at the very
beginning, into the most primitive time of
manifestation.
Actuellement,
bien sûr, nous sommes dans une situation assez difficile. Nous
vivons des temps difficiles et ce qui est devant
nous, je ne le sais pas vraiment. Je suis plutôt pessimiste en ce qui concerne le
futur immédiat, quand je vois la façon dont le monde avance à l'heure
actuelle. Mais il faut bien réaliser que les crises sont parfois nécessaires pour
accomplir ce qui doit l'être. Le seul problème toutefois est le suivant : il
faut s'être préparé avant que la grande crise arrive - quand un nouveau cycle commence - pour
pouvoir partir sur la base des semences qui ont été semées
avant la crise. Si à un hiver succède un printemps, mais qu'il n'y a pas
eu de récolte, aucune semence ne germera au printemps, et il faudra tout
reprendre au début, à l'époque des manifestations les plus
primitives.
This is why I
have stressed so much all my life the idea I call: the "seed
man". The man who is willing and able to gather whithin himself,
as it were, the past of humanity and particularly of our wester world
of course, but also other cultures, becaus what we want to emerge
from the future - after whatever crisis will come - is a global
world.
C'est
pourquoi j'ai insisté tout au cours de ma vie sur l'idée que
j'appelle "homme semence". C'est l'homme qui veut et peut
réunir en lui, tel quel, le passé de l'humanité et
particulièrement celui du monde occidental, ainsi que celui des
autres cultures, parce que ce que nous
désirons voir émerger du futur - quelque soit le genre de crise qui advienne - c'est un monde
global.
We therefore need
men of great vision, men who are not specialists (generalists as they
are sometimes called today), men who have the vision and courage to
wait and to, in someway, through their lives, through their example
and through whatever they leave after their death, become the seeds
of the future world. That is of course the great choice we all have
to make and we all can make it. We can follow the masse vibration and
decay, like all the leaves of the world in the fall (however
beautiful the golden leavex may be), they will have to decay and
become mature for the future of the civilization. But it is only the
"seedmen" that really count, and it is those you should
look for if you yourself, do not feel yet to the point of being ready
to become a "seed person", because it is that only which is
the insurance of the future rebirth of the humanity.
Pour
ce faire, il faut donc des hommes qui aient une grande vision, des
hommes qui ne soient pas des spécialistes (des généralistes comme on les appelle parfois
maintenant) des hommes qui aient une vision et le courage d'attendre et qui d'une certaine façon, par
leur vie et leur exemple, partout ce qu'ils laisseront
derrière eux en partage après leur mort, deviendront les semences
du monde futur. C'est bien sûr le grand choix
qu'il nous est proposé à tous de faire, et nous en sommes tous
capables. Nous pouvons nous laisser aller à
la vibration de masse et au déclin (pourrissement), comme toutes les
feuilles du monde lorsqu'elles tombent à l'automne (aussi
belles que ces feuilles dorées puissent être) mais elles devront
pourrir de toutes façons, et devenir le terreau du futur de
la civilisation ; mais il n'y a que l' "homme semence" qui compte vraiment, et c'est
celui-là vers lequel il faut aller, qu'il faut rechercher, si
vous-même ne vous sentez pas encore au point pour en devenir
un, car c'est la "personne semence"qui seule peut assurer la future
renaissance de l'humanité.
I
think today it is of no use to try to look to the immediate future,
because it looks very dark ; but it is to look - to prepare - for the
possibility that a new world may arise, if not tomorrow, the day
afert tomorrow. I think it is the only thing which vies value to all
our sacrifice, all our courage, decisions ans choices today : it is
to become seeds for the development of the future world.
Je
crois qu'aujourd'hui il est inutile d'essayer de se pencher sur le
futur immédiat, parce qu'il est très sombre ; mais il faut
regarder - pour s'y préparer - la possibilité qu'un monde nouveau puisse avenir, si ce
n'est demain, en tout cas après-demain. Je crois que c'est la seule chose qui puisse donner de la
valeur à tous nos sacrifices, à notre courage, à nos décisions et à nos choix d'aujourd'hui :
devenir des semences pour le développement du monde futur.
So
I hope every one of you, each one in his own life, in his own way,
can some day soon, very soon - if you have not done it already - make
the choice and become "seed men" and "seed women". I
thank you.
J'espère
que chacun d'entre vous, dans sa propre vie, et à sa propre façon,
peut un jour prochain, très bientôt - si vous ne l'avez pas encore
fait - faire ce choix et devenir "homme semence" et "femme
semence".
Je
vous remercie.
Dane
Rudhyar
2. Plénitude
d'être
Je
viens avec le plus grand plaisir d'obtenir de Joyce Hoen, du sitehttp://www.astrolgie.ws
et astrologue hollandaise, l'autorisation de traduire tout le
"Rudhyar Tribute" qui fut à l'initiative de Tees Reitsma,
astrologue hollandaise elle aussi, à l'occasion du centenaire de
Rudhyar et qui réunit des astrologues américains, anglais,
hollandais et suisse (Ruperti).
Je
me suis donc mise aux traductions avec la plus grande joie, et pour
commencer ces retranscriptions, voici un petit texte de Rudhyar qui
se trouve au tout début du "Rudhyar Tribute" en guise
d'introduction :
"Plenitude
of being,
"Plénitude
d'être,
the infinite and boundless Potentiality
of existence
la
Potentialité infinie et sans bornes de l'existence
and the Presence of ONE are latent in
every man
ainsi
que la Présence de l'UN, sont latentes en chaque homme
and every individual can become an
agent for the Divine Power
et
tout individu peut devenir un agent de la Divine Puissance
which vibrates at the core of the
Earth
qui
vibre dans le noyau de la Terre
and in the heart of every human
being."
et dans le coeur de tout être
humain."
3. Rudhyar
tribute - contribution de Joyce Hoen
Joyce
Hoen est hollandaise - c'est elle qui gère le site astrologie.ws
dans lequel se trouve le Rudhyar Tribute commandé à l'occasion du
centenaire de Rudhyar, et qui réunit autour de cet hommage des
astrologues hollandais, américains, anglais et suisse (Ruperti).
Cet hommage est à l'initiative de Tees Reitsma, astrologue
hollandaise elle aussi, qui est partie l'année dernière, et qui
manque beaucoup à Joce Hoen ... laquelle m'a donné les
autorisations de traduction de cet hommage car Tees Reitma souhaitait
qu'il soit diffusé dans le monde entier.
J'ai donc le plus grand
plaisir à participer à cette diffusion pour la France.
RUDHYAR
ET LA SIGNIFICATION DE SON ASTROLOGIE
Un
visionnaire inspiré, de même qu'un artiste inspiré, peut être
perçu de milliers de façons par son auditoire. Il arrive aussi que
le créateur d'une oeuvre d'art en reçoive un retour qui l'étonne,
car un sens a été donné à son travail qu'il n'avait pas du tout
l'intention d'y mettre. Ce qui d'ailleurs, ressemble d'assez près à
ce qu'un astrologue peut recevoir comme retour après l'analyse d'un
thème. En tant que récipiendaires de l'héritage de Rudhyar, ce que
nous recevons de son oeuvre est en grande partie - si ce n'est
complètement - subjectif, même si au niveau le plus profond de tout
un chacun, la subjectivité cohabite à part égale avec
l'objectivité. Et puis il y a aussi que Rudhyar savait parfaitement
que ce qu'il pensait transmettre à ses lecteurs était rarement
entendu pour ce qu'il avait pensé.
Dans "Triptyque
Astrologique", il signale dans son prologue (ndlt : dans la
version américaine uniquement) avoir reçu énormément de lettres
de félicitations, riches de commentaires enthousiastes, écrites
pour la plupart par des gens assez jeunes. "Néanmoins",
continue-t-il, "je me suis
demandé jusqu'où mes lecteurs si enthousiastes et manifestement
remués par la lecture de mes livres, avaient été dans la
compréhension de ce que je tente de formuler. Je me suis demandé
s'ils ne réagissaient pas plutôt au style de présentation inspiré
que j'emploie pour écrire mes livres, ce qui voudrait dire que
j'aurais échoué à les accrocher sur le sujet de mes livres, et
donc à répondre à leur besoin et à leur potientiel de
transformation immenses, dans leur vie quotidienne, ainsi qu'à la
qualité de leurs expériences individuelles et de leurs relations
interpersonnelles. Ceci est bien sûr le danger que court toute
présentation symbolique et poétique d'une pensée et d'images
lourdes de significations pour qui est sur la voie de la
transformation. C'est surtout ce genre de présentation qui éveille
une grande chaleur de sentiments, qui d'une certaine façon ouvre des
fenêtres psychiques pour permettre de respirer un air spirituel. Un
air qu'il fait bon respirer."
Ce
qui est particulièrement intéressant pour les lecteurs de cet
hommage à Rudhyar écrit à l'occasion de son centenaire, et de ma
contribution en particulier, c'est qu'elle est écrite par quelqu'un
qui a longuement étudié et pratiqué l'astrologie européenne :
l'anglaise, la hollandaise, l'allemande, sans jamais avoir été
influencé par l'astrologie de Dane Rudhyar, et qui donc à cause de
cela, peut ressentir la différence fondamentale d'approche entre les
astrologues américains qui apportent leur contribution à cet
hommage, et celle des astrologues nord européens. Il y a un monde de
différences, ou en tout cas aujourd'hui, on peut dire qu'il y avait
un monde de différences entre ces deux approches, et il est vrai que
depuis que j'ai appris à me familiariser un peu plus avec la forme
de pensée de Dane Rydhyar relative aux cycles, j'ai compris à quel
point il avait influencé le monde astrologique américain, et si peu
le monde astrologique européen qui a encore du mal et certaines
réticences, à se familiariser avec son approche.
Cependant,
une des différences les plus marquées entre l'approche européenne
(mettons telle qu'elle a évolué depuis 1988) plus classique, plus
structurée (mécanique) et l'approche cyclique et holistique - qui
peut d'ailleurs aussi parfois aller jusqu'à se permettre d'utiliser
le mot holisme en le réduisant à ce seul terme et donc en le vidant
de son sens, ce qui donne une approche pratiquement déstructurée de
la part de certains astrologues en Amérique ... tout le monde a ses
dérives de chaque côté de l'Atlantique - cette différence est
donc la façon dont chacun réagit au travail de Rudhyar. En
Hollande, par exemple, il est assez rare de trouver des réactions
positives à Rudhyar, qui seraient spontanément inspirées par une
vraie chaleur de sentiment. C'est certainement une des grandes
qualités des américains que d'être naturellement ouverts à tout
ce qui est de l'ordre du sentiment et du sensible. En Hollande
pratiquement personne ne comprend l'oeuvre de Rudhyar, les gens se
plaignent d'une difficulté qu'ils auraient à le lire, et je crains
que notre nation soit en général trop honnête pour ne pas dire ce
qu'elle en pense.
Néanmoins, le résultat net de ces deux
types de réactions est finalement identique. Les réactions
positives issues d'une attitude ouverte envers le niveau sensible
d'une part, et les réactions négatives issus d'une attitude fermée
envers tout ce qui peut être sensible ou de l'ordre du sentiment,
montrent toutes deux un manque complet d'appréciation envers la
nature réelle de l'oeuvre de Rudhyar. Ceci étant dit, et bien que
mon approche de Rudhyar soit un peu hors des sentiers battus et
surtout trop subjective, je vous la livre.
Aux premières
heures du 6 août 1988, j'étais dans un état d'esprit particulier,
certainement à cause d'un été très humide et très chaud qui
influençait tout le monde, et j'ai ouvert un livre de Rudhyar qui
venait de m'être envoyé par un ami "Astrological insights into
the spiritual life". J'ai ouvert le livre au hasard, quelque
part au milieu, j'ai lu une phrase, et par la grâce de Dieu, j'ai
compris tout à coup tout le contenu de l'oeuvre de Rudhyar. En une
seconde, j'ai compris tous ses livres, que d'ailleurs je n'avais
jamais lus et que je ne lirai pas avant quelques
années.
"Comprendre" dans l'état d'esprit
particulier dans lequel je me trouvais à ce moment-là, est bien sûr
complètement différent d'une approche rationnelle et d'une analyse
phrase par phrase, puis d'une application immédiate dans la pratique
quotidienne d'une vie, pour arriver ensuite à une conclusion.
Comprendre l'oeuvre de Rudhyar de la façon dont ça m'est arrivé -
comme elle m'a traversée pour être plus précise - fut une
expérience spirituelle en soi. Cependant, ce moment de compréhension
m'a fait pénétrer dans les profondeurs de la nature de
l'astrologie, et m'a donné une perspicacité en la matière qui me
manquait complètement jusque-là. J'avais déjà entendu dire de la
part d'astrologues qui se référaient à Rudhyar, qu'il était une
des rares personnes qui avaient vraiment compris l'astrologie. Et
aujourd'hui, au niveau où j'en suis de mon propre développement, je
me rends compte que je regrette d'avoir à dire que je suis
maintenant d'accord avec eux et de ne pas les avoir entendus plus
tôt. Il est devenu évident pour moi que le but de Rudhyar n'était
pas seulement la reformulation de l'astrologie telle qu'elle était
connue à l'époque, mais que cette reformulation servait un but plus
élevé. L'importance de son oeuvre repose principalement là où
personne ne l'attendait, c'est à dire là où elle "sert"
les astrologues qui, sans aide ou sans "guru" ne peuvent
traverser un processus d'illumination ou de transformation. Il est
vrai que c'est comme ça se passe en Occident depuis des milliers
d'années, où les astrologues n'ont longtemps trouvé personne qui
puisse jouer ce rôle de guidance éclairée, personne pour leur
donner les instructions que pourraient leur donner un guru. Les gurus
sont une spécificité de l'Orient et il est vrai que maintenant que
nous entrons dans l'Ere du Verseau, leur enseignement devient
difficilement appliquable en Occident.
Si, lorsque nous
entrons dans un processus de transformation et d'illumination, et
qu'il se trouve que nous soyons des astrologues habitués à utiliser
les symboles, alors le temps est venu pour nous de rencontrer
l'oeuvre de Rudhyar. Je crois que l'oeuvre écrite de Rudhyar est
sensée être un guide d'instructions impersonnelles (ou
transpersonnelles) pour ceux qui "vont sur le Chemin" sur
la route du symbolisme astrologique - un chemin où il est difficile
de faire la différence entre illumination et folie, alors qu'elles
se rencontrent au point le plus élevé. C'est là qu'une aide
sublime est nécessaire, que peu de personnes sont susciptilbes
d'apporter, parce qu'aussi, peu de personnes ont conscience d'avoir
besoin d'aide (bien que cela évolue un peu depuis la conjonction
Uranus-Neptune). Cette aide dont on peut avoir besoin à ce moment-là
se trouve dans l'oeuvre de Rudhyar, en tout cas c'est ainsi que je le
perçois, puisque je ne crois pas que la vie puisse aller plus loin,
avoir plus de valeur, que ce propose Rudhyar dans sa proposition
d'une Boddhisattva idéale.
Je crois aussi que c'est pour
cette raison précisément, que l'oeuvre de Rudhyar ne sera jamais
vraiment complètement comprise par les astrologues, avant qu'ils
arrivent personnellement à un point de non retour et qu'ils
reconnaissent avoir besoin tout à coup d'une aide, alors qu'ils
n'avaient jamais imaginé en avoir besoin. C'est à ce moment-là
seulement que son oeuvre se révèle à eux. Evidemment, le fait que
seulement peu d'individus au moment du couronnement de leur évolution
sur Terre, puissent réellement profiter de la vision de Rudhyar,
voudrait dire que peut-être il n'est même pas nécessaire de
publier cet hommage à Rudhyar. Alors pour être sûr que les
individus qui éprouvent ce besoin puissent avoir accès à l'oeuvre
de Rudhyar, le cosmos a certainement fourni les moyens pour qu'elle
puisse être publiée en réponse à ce besoin de quelques individus,
ce qui fait que la plus belle conséquence en a été que tout le
monde astrologique en a été transformé dans le même temps. Ce qui
fait que non seulement quelques personnes, mais une majorité
d'individus peut profiter de la Lumière qui fut à l'origine d'une
seule Source et qui descend en cercles de plus en plus larges
d'activité et de conscience, pour atteindre jusqu'au dernier petit
reflet à l'intérieur du plus grand cercle d'existence de par le
monde.
Le Chemin de l'astrologie est un chemin sacré. Cette
voie de réalisation a été en grande partie perdue dans un monde où
les statistiques et les perceptions physiques dirigent nos cultures.
La conjonction Unranus-Neptune de 1993 a marqué la nécessité de
changer cette dictature matérielle en son exact opposé, parce que
le cycle de dictature matérielle avait atteint son apogée et pour
cette raison, elle devait prendre une orientation nouvelle. C'est
ainsi qu'à partir de là, l'astrologie a commencé, lentement mais
sûrement, à revenir à son orientation originelle et à tout faire
pour retrouver son héritage spirituel.
Bien entendu, cette
orientation de l'astrologie n'a pas grand chose à voir avec les
pratiques commerciales horoscopiques de conseil, ou à un décodage
psychologique qui relatent surtout nos "patterns" de
conditionnement. Revenir à l'héritage spirituel de l'astrologie
veut dire aller au-delà de l'analyse de nos conditionnements,
redécouvrir et réaliser le SOI et la réalité cosmique. Et Rudhyar
voyait justement cela advenir au moment de la fin de ce fameux cycle
Uranus-Neptune. C'est en comprenant ce que ce fameux cycle impliquait
qu'il a transmis sa notion de cycles et donné un nouveau cadre de
référence à l'astrologie, en étant complètement conscient que
les années de 1988 à 1993 seraient un point tournant à partir
duquel une nouvelle forme d'astrologie apparaîtrait.
La
conjonction Uranus-Neptune de 1993 est un symbole de l'union
transphysique : une union entre la compréhension et l'intuition les
plus élevées, et une union entre les deux centres les plus élevés
de nos cerveaux, capable de créer la "grande illumination".
Si ceci intéresse un quelconque lecteur de cette contribution au
Rudhyar Tribute, sachez que Rudhyar a écrit toute son oeuvre
astrologique à partir d'une fusion de ces deux centres supérieurs
du cerveau, là où Neptune et Uranus sont en perpétuel état de
connection, les deux reliés à Saturne fonctionnant dans le même
temps à un niveau qui puisse transmuter cette fusion en quelque
chose de compréhensible.
Les semences de l'oeuvre de Rudhyar
ont été semées et elles ont déjà germé. En tant que mandataires
de la planète Terre, c'est notre travail d'astrologues que
d'entretenir ces jeunes pousses dans des jardins qui leur
conviennent, afin que lorsque la phase Verseau réinitiera un nouveau
cycle, la phase Taureau de "jardinage" que la semence
appelle puisse se vivre, en attendant que la phase Gémeaux se
termine pour entamer une nouvelle phase. Il est possible que ces
phases coïncident avec le passage de Pluton dans les signes opposés,
parce que l'oeuvre de Rudhyar est essentiellement plutonienne : une
transformation des concepts-racine donnant une nouvelle signification
à l'astrologie, qui n'a peut-être encore jamais existé dans
l'histoire de notre planète.
4. Rudhyar
Tribute - contribution de Michael Meyer
J'ai
grand plaisir à vous donner aujourd'hui la traduction de la
contribution de Michael Meyer au Rudhyar Tribute, puisqu'il est
l'auteur du grand site de référence sur Rudhyar - Khaldea
- et qu'il est aussi le légataire avec Leila Rael, de l'oeuvre de
Rudhyar.
Dans son texte, il parle de sa rencontre avec Rudhyar
en 1968 qui a complètement transformé sa vie.
RUDHYAR
: AMI, EXEMPLE ET SAGE
La
première fois que j'ai rencontré Rudhyar, c'était à San Francisco
au cours de l'été 1968. A l'époque j'étais complètement immergé
dans l'étude de la Théosophie. Et je sentais de façon certaine que
quelque part, d'une manière ou d'une autre, il existait encore une
poignée d'hommes et de femmes au travers desquels coulait la
puissance vivante de la Théosophie ; qu'ils étaient encore actifs
dans le monde, vivant de façon exemplaire la Voie de Transformation,
qu'ils travaillaient ensemble et qu'ils étaient "chelas"
(disciples spirituels) d'êtres de Sagesse et de Compassion
semblables à Bouddha, qui un siècle plus tôt, avaient parrainé la
mission d' H.P. Blavastky : "changer l'esprit du 20ème
siècle".
Je
n'avais pas besoin d'être convaincu que la vie et la réalité ne se
réduisaient pas aux apparences et qu'il existait autre chose que ce
qu'on m'avait enseigné à l'école. Mais je savais aussi que les
enseignements de la Théosophie - spécialement ceux formulés au
début du 20ème siècle par ceux qui l'ont popularisée - ne
comprenaient pas de "Vérité Absolue", mais plutôt qu'ils
étaient constitués d'approximations et de descriptions de la
réalité sous forme de mots, de symboles et d'images adressés à
des hommes et des femmes de l'époque victorienne.
Je
me suis rendu compte, au moment où Blavatsky était à la fin de sa
vie, qu'un message nouveau, plus inclusif, ainsi qu'une vision à
l'échelle mondiale deviendraient nécessaires, et qu'ils seraient
conscientisés et formulés pendant le dernier quart du 20ème
siècle. Et dans une sorte d'élan de juvénile, j'ai pris conscience
qu'il faisait partie de mon destin d'aller en quête de cette source
occulte, de m'investir pour aider à sa formulation et de contribuer
au nouveau message qui serait porté dans le siècle suivant, le 21è
siècle.
Un
an ou deux plus tard, j'ai commencé à me brancher avec ce que les
quelques représentants des multiples traditions spirituelles
(gourous) connus en Occident à l'époque avaient à offrir, et en
1967 j'avais déjà rencontré quelques soit-disant gourous
américains et anglais, dont Alan Watts et Timothy Leary. Et puis en
1968, alors que je cherchais toujours quelqu'un qui soit en relation
avec la puissance vivante de la Théosophie, la divine Sagesse de
l'Esprit universel, je me suis rendu dans bon nombre de centres
théosophiques à New York, dans le Midwest américain et en
Californie.
Et
le point tournant est arrivé quand j'ai vu un nouveau livre à la
Société Théosophique de San Francisco : "Le cycle de la
Lunaison" de Dane Rudhyar. Bien qu'à l'époque je ne fus que
moyennement intéressé par l'astrologie, j'ai acheté le livre sur
une impulsion. Et il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre qu'il
avançait une nouvelle approche de l'astrologie très substancielle.
Mais ce qui m'a le plus impressionné, c'est que ce livre avait des
fondements théosophiques. Non que Rudhyar y cite "La doctrine
secrète" de Blavastky ou qu'il y attire l'attention du lecteur
sur les bases théosophiques de son approche de l'astrologie.
D'ailleurs, il ne le faisait absolument pas. Mais personnellement,
j'ai compris tout de suite que la description que Rudhyar faisait du
cycle de la lunaison - avec ses deux hémicycles involutif et
évolutif et ses 8 phases soli-lunaires - prenait racine dans la
vision théosophique du monde. En effet, la présentation de Rudhyar
des 7 phases soli-lunaires lumineuse auxquelles s'ajoute la phase
sombre de la Nouvelle Lune, suivait de très près la doctrine
théosophique dépeignant 7 "globes" de manifestation
auxquels s'ajoute une phase de dissolution, c'est-à-dire la
"pra-laya" non manifestée.
Quelques
jours après avoir lu "Le cycle de la Lunaison", j'ai eu la
chance de voir une notice affichée à la Librairie Lewin's de
Berkeley. Elle annonçait un débat informel sur le commencement de
l'Ere du Verseau entre Gavin Arthur et Rudhyar, qui devait se tenir à
la célèbre Glide Memorial Church de San Francisco. J'avais déjà
ententu parler de Gavin Arthur, le riche petit-fils d'un Président
Américain. Il avait quelque chose d'un grand-père hippie qui avait
ouvert les portes de sa maison à une bande de beaux garçons et
filles. C'était l'astrologue de la contreculture de San
Francisco.
Je
suis arrivé très tôt pour suivre le débat, et je me suis assis
sur le banc avant gauche. Bientôt, un jeune couple d'à peu près
mon âge vint s'asseoir près de moi. Nous avons engagé la
conversation et nous avons parlé de nos thèmes respectifs. Très
vite, il devint évident que le jeune homme et moi étions jumeaux
astrologiques - nés le même jour, la même année et à la même
heure, à quelques kilomètres de distance. Mais il y avait quelque
chose chez mon jumeau astrologique qui me mettait mal à l'aise.
J'étais à l'époque très timide et socialement replié sur moi,
mais lui manifestait différemment notre configuration Scorpion-Lion.
Il était très sûr de lui, autoritaire, agressif et pas qu'un peu
égocentrique. Et puis pour terminer le tableau, il était passionné
par Aleister Crowley et se vantait de ses talents pour les
cérémoniels magiques et pour l'hypnose ...
Et
le débat amical commença à peu près une heure plus tard. Rudhyar
y a résumé la presque totalité de ce qui fut publié plus tard
dans le livre "Astrological timing - The transition to the New
Age". L'audience avait l'air impressionnée par la perspicacité
de Rudhyar en matière historique et philosophique. Et pendant que le
débat avançait, il devenait clair que Rudhyar ne se contentait pas
de convaincre l'auditoire de la validité de sa position, mais aussi,
que dans ce premier contact "en
masse" avec la contreculture,
il gagnait respect et admiration des jeunes et des moins jeunes
non-conventionnels qui étaient dans la salle bourrée à
craquer.
Mais
ce qui était le plus impressionnant, le plus convaincant et le plus
inspirant, se passa après le débat, lorsque les deux astrologues
répondaient aux questions écrites soumises par l'audience. J'ai
demandé à Rudhyar comment l'Ere du Verseau à venir se reliait avec
ce que Blavatsky et d'autres théosophes annonçaient comme la venue
d'un type d'humanité nouveau et hautement intégré, qui était
sensé naître en Californie. Il m'a renvoyé un petit mot pour me
dire que ma question était trop spécialisée pour qu'il en discute
devant une audience pas forcément initiée à ce genre de
recherches, mais que je pouvais très bien venir le voir après la
discussion pour en parler avec lui. J'ai relevé la tête et j'ai vu
qu'il me regardait avec insistance.
Ce
soir-là cependant, Rudhyar avait répondu à des questions comme
"Que pouvons-nous faire pour préparer la venue d'un Nouvel Age
?". C'était en réponse à des questions de ce genre-là qu'il
avait parlé des composants-clef de sa vision socioculturelle, telle
qu'on la retrouva quelques années plus tard dans ses livres "We
can begin again - Together" et "Directives for a new life".
Avec une force de vie et une puissance que je n'avais jamais
rencontrées jusque-là, Rudhyar a parlé des "groupes-semence"
comme de lentilles qui donnent une forme existentielle à ce qu'il
appelle les "idées-semence" et aussi des nouveaux aspects
de l'Homme archétypique. Alors qu'il parlait, sa voix roulait comme
un tonnerre dans la salle. Le Son d'un gong énorme semblait résonner
à l'unisson au travers de Rudhyar et de mon esprit, de mon être et
de ma conscience. L'air et les esprits de l'audience assemblée,
vibraient en harmonie avec la puissance spirituelle qui coulait en
Rudhyar comme au travers d'une fenêtre grande ouverte. Je me suis
rendu compte que je venais de rencontrer un représentant vivant de
la Communauté des Prophètes et des Sages.
A
la fin de son exposé, un groupe de jeunes gens avides et exaltés
entourèrent Rudhyar, lui posant des questions de toutes sortes. Je
suis resté à la frange du groupe, trop replié sur moi et trop
timide pour parler. Mais je me suis rendu compte que Rudhyar me
regardait régulièrement. Puis, après que le groupe se soit réduit
à quelques personnes déterminées, Rudhyar fit un commentaire
amical sur la question que je lui avais soumise et me demanda si je
venais d'une famille de théosophes. Je lui dis que ma mère
appartenait à une éminente famille Maçonique et que plus tard
j'avais découvert la Théosophie seul, puis appris que mes
grands-parents avaient étudié la "Doctrine secrète" de
Blavatsky.
Quand
les organisateurs du débat nous dirent qu'il fallait partir, parce
que les gardiens souhaitaient fermer l'église pour la soirée,
Rudhyar suggéra que comme il était encore tôt, le groupe pourrait
se réunir dans la maison confortable des amis qui l'acceuillaient,
celle de Madame Winslow, qui était au bord de la baie de Berkeley.
C'est là qu'il a écouté attentivement toutes nos pensées, toutes
nos expériences. Il était sincèrement intéressé par tous les
aspects de la contreculture qui était en plein épanouissement à
cette époque. Quelqu'un a suggéré qu'il pourrait nous résumer sa
biographie. C'est à ce moment-là qu'il a parlé de sa formation
théosophique et de la relation très proche qu'il avait entretenu
avec le grand "theos-ophist" B.P. Wadia. Puis il nous parla
de ses différentes activités créatives et comme il y avait un
grand piano dans la maison, il nous joué deux de ses compositions,
qui ne ressemblaient à rien de ce que j'avais pu entendre jusque-là.
Puis il se lança dans une improvisation, qu'il avait l'habitude,
nous dit-il, de jouer pour Martha Graham dans les années 20 et 30.
Ce qui impressionna terriblement un étudiant en danse du Mill
College.
Je
suis reparti deux mois plus tard à New York où je passai trois ans.
Cependant, j'ai vu Rudhyar une fois par an, quand il venait à New
York pour des lectures ou des séminaires. Pendant ces années, nous
avons correspondu un peu et j'ai lu tous ses livres. Je me rappelle
précisément avoir attendu avec impatience la sortie de "Vers
une conscience planétaire" que Rudhyar m'avait annoncée dans
une de ses lettres, et qui devait traiter d'une façon nouvelle de la
théosophie et de la métaphysique. J'ai lu ce livre difficile d'un
bout à l'autre au moins deux ou trois fois entre 1970 et 1971, et
j'ai compris qu'il y avait enfin une reformulation moderne de la
Théosophie.
Ce
n'est que lorsque je retournai en Californie au cours de l'été 1971
que nous sommes devenus amis proches. J'avais envoyé à Rudhyar
quelques extraits du travail que j'avais commencé et qui allait
devenir mon livre "A Handbook for the Humanistic Astrologer",
qui l'intéressait grandement parce qu'il permettrait à la nouvelle
vague d'étudiants en astrologie d'en apprendre les premiers
principes sans être exposés ni conditionnés par les livres
d'astrologie traditionnelle qu'on trouvait à l'époque, qui étaient
uniquement centrés sur l'évènementiel et qui avaient été écrits
des dizaines d'années avant. Rudhyar passa la fin de l'été dans la
maison de Jose et Mariam Arguelles à Palo Alto, où ils l'avaient
invité. C'est là que nous avons eu notre premier long entretien
privé. Je suis arrivé très tôt dans l'après-midi et il ne m'a
pas laissé partir avant le soir. Je me souviens que très gentiment
et en m'encourageant, il m'a posé des questions en touts genres. Il
semblait intensément intéressé d'apprendre tout sur ma formation
et sur ce que je pensais de toutes sortes de choses. Une de ses
remarques favorites envers moi, et que j'entendrai des douzaines de
fois au cours des années suivantes, était : "Tu es médium
!".
Cet
après-midi-là, nous avons beaucoup parlé du Mouvement Théosophique
et de son engagement dans ce mouvement, nous avons parlé aussi des
changements fantastiques et prometteurs sur le plan social et mental
qui se répandaient aux USA et dans l'Europe occidentale et comment
nos travaux et nos vies à tous les deux y trouvaient place. Puis, il
m'a parlé de ses deux "parents spirituels" - B.P. Wadia,
le grand théosophe, et Aryel Darma, une théosophe hollandaise qui
venait de Java - il les avait rencontrés en 1920 à Krona, le centre
théosophique d'Hollywood. Puis il vint dans la conversation que l'
Institut Esalen lui avait demandé de faire un séminaire en
Septembre à Berkeley dont le sujet serait "Un nouveau regard
sur la "Doctrine Secrète" de Blavatsky". Il me dit
que j'y serai son invité. Puis après avoir dit combien la tâche
lui semblait difficile et qu'on ne pouvait pas savoir comment les
intellectuels recevraient (ou interprèteraient mal) les idées et
les concepts théosophiques, il en vint à résumer son approche
général du sujet.
Tout
au long de cette rencontre, je me suis de plus en plus rendu compte
du fait que depuis que j'avais rencontré Rydhyar pour la première
fois en 1968, j'avais ressenti à quel point nos deux destins étaient
liés, d'une façon ou d'une autre ; et au cours des dizaines
d'années qui se sont écoulées depuis, j'ai souvent ressenti que
nos anciens échanges venaient s'imprimer sur la réalité du moment.
Puis vers la fin de notre entretien, je lui ai parlé de quelque
chose qui me trottait dans la tête depuis longtemps. J'ai mentionné
à Rudhyar qu'il était aisé de reconnaître son immense
contribution à l'astrologie parce qu'il y restaurait la notion de
cyclicité, à cause aussi de sa formulation de l'humanisme, et de
son approche centrée sur la personne, etc ... Mais pourquoi, lui
demandai-je, avait-il passé tant de temps et mis tant d'énergie sur
l'astrologie, alors qu'il aurait pu faire beaucoup plus en tant que
guide et enseignant spirituel. Je voulais savoir "pourquoi être
astrologue, alors qu'il aurait pu être un grand "gourou"
?" Je suppose que cette question ressemblait à celle que posait
Marie d'Algout à Franz Liszt "pourquoi jouer si bien du
piano"... Pourquoi était-ce si important pour Rudhyar, alors
qu'il aurait pu être un grand artiste et un philosophe
iinfluent.
En
réponse, Rudhyar m'a parlé des grandes difficultés et des
obstacles qu'il avait rencontrés au cours de ses jeunes années. Il
m'a raconté comment les opportunités (sans doute trop nombreuses)
que se sont présentées à lui plus tard dans le monde astrologique,
et puis il a aussi fait allusion aux tentatives avortées par
lesquelles il était passé parce qu'il n'était pas encore prêt.
Mais il m'a confié aussi qu'avec l'approche du dernier quart du
20ème siècle, peut-être qu'il serait possible de faire plus. Et
puis, me dit-il avec une voix tout à coup haut perchée : Esalen m'a
déjà demandé de parler de la "Doctrine Secrète"...
Avant
que je parte, il m'a gracieusement proposé des copies de certains de
ses anciens articles (comme : "A call to Occultists and
Théosophists") qu'il avait apportés avec lui pour son
séminaire sur la "Doctrine Secrète". C'est de ce
moment-semence qu'ont "poussé" le livres "Préparations
spirituelles pour un nouvel âge" et d'autres livres écrits
après 1975, dont Rudhyar et moi avons longuement discuté entre 1973
et 1974. Et c'est dans ces livres (aussi bien que dans un livre
précédant "Vers une conscience planétaire") qu'il me
semble que Rudhyar a apporté sa contribution la plus éclatante,
bien que restée méconnue du plus grand nombre.
Il
m'est presque impossible de dire à quel point Rudhyar a "influencé"
ma vie. Je ne peux même pas imaginer comment ce serait si il n'y
avait pas eu de Rudhyar. Mais ce que je peux dire, ce qui s'il
n'avait pas été là, peut-être que bientôt, ou plus tard, il y
aurait eu quelqu'un pour remplir ce besoin, même de façon
différente de celle de Rudhyar, quelqu'un qui aurait donné un futur
à l'astrologie et à la théosophie. Un jour j'ai entendu Rudhyar
dire qu'il avait été "aurorisé à vivre". Et
effectivement, c'est sa santé fragile qui lui a sauvé la vie, parce
que par exemple, à cause d'elle, il a été exempté de service
militaire pendant la première guerre mondiale, alors que le régiment
auquel il aurait été affecté était celui qui a disparu pendant la
retraite de la bataille de la Marne.
Il
semble que ce qui est nécessaire et qui survit, si quelqu'un est
vraiment ouvert à la descente de la lumière et du pouvoir
transpersonnels et transcendants, sera reçu, d'une façon ou d'une
autre par cette personne, comme étant l'aide et la protection dont
elle a besoin pour accomplir son dharma.
Maintenant,
c'est à nous de survivre et
de donner une forme existentielle et un sens au
nouvel aspect opératif de la divine Sagesse et
de l'archétype Anthropos, c'est
maintenant qu'il faut chercher notre réalisation au
travers d'une nouvelle et véritable humanité PLANÉTAIRE.
Jeff
Jawer - Astrologue américain - San Diego - Californie
Son
site, créé avec Rick Levine : Star
Iq
RUDHYAR
En
1973, j'ai commencé à étudier l'astrologie à partir de textes
traditionnels. J'étais réellement fasciné par l'astrologie, mais
en même temps je me disais qu'elle devait receler bien autre chose
que ce que j'avais trouvé dans mes lectures. Les interprétations
que ces livres donnaient étaient vraiment trop négatives et surtout
elles ne correspondaient vraiment pas avec les idées que j'avais sur
la vie et le potentiel humain. Et puis je suis tombé sur
"L'astrologie de la personnalité" de Dane Rudhyar et mes
plus grands espoirs se sont réalisés. En fait ce que proposait
Rudhyar allait bien au-delà de ce que j'avais espéré et il
présentait l'astrologie de façon profondément significative. Elle
n'était plus coincée dans les limites du déterminisme - elle se
donnait la liberté d'ouvrir la voie à l'expression la plus haute du
potentiel humain. Rudhyar est alors devenu pour moi, de même que
pour beaucoup d'autres astrologues, une clef pour le futur et non
plus un poids venant du passé.
Fidèles
à sa nature de Verseau, les yeux de Rudhyar portaient toujours le
regard vers le futur, ils sapaient à la pioche les anciennes bases,
pour les astrologues, les ésotéristes et les penseurs de toutes
sortes. Son astrologie rejoignait les grandes marées humanistes de
tout le 20ème siècle en plaçant l'homme au centre de son monde et
en faisant du libre-arbitre l'essence de la pratique astrologique.
Tout dans le thème natal pouvait être vu comme un potentiel, rien
n'était plus dicté par les forces d'en-haut. Nous n'étions plus
collés au sol, ni coinçés dans nos thèmes par les limites de
Saturne, la violence de Mars ou la confusion de Neptune. Chacun de
nous devenait libre d'être les créateurs du 21ème siècle, nous
n'étions plus prisonniers du 19ème.
Rudhyar
a transformé le paysage de l'astrologie et nous a incités à vivre
au plus haut de nos capacités plutôt que de rester piégés dans
notre ancienne vision du monde. Les Carrés et les Oppositions
n'étaient plus des condamnations à l'emprisonnement dans le conflit
et devenaient des incitations à la découverte. Tout cela a été
rendu possible par la créativité de Rudhyar et par son amour pour
l'humanité. C'est "le" cadeau essentiel qu'il nous a fait.
Cependant, il nous a aussi laissés avec un grand défi à relever :
aller sur la voie de notre propre transformation et élaborer une
nouvelle vision de l'astrologie et du potentiel humain.
Au
cours de sa longue carrière, Rudhyar a touché à chaque élément
de la pratique astrologique, des Maisons aux Planètes, aux Signes,
aux aspects et à tout le reste. Ce qui est fondamental dans son
approche, c'est la quête de sens, la recherche de modèles logiques
et la compréhension des principes astronomiques qui sous-tendent
notre travail. Le meilleur exemple en est son travail sur les cycles
et particulièrement le cycle de la lunaison. Ce qu'il a fait dans ce
domaine a attiré notre attention sur le mouvement dynamique des
planètes en nous proposant de les voir essentiellement en mouvement
plutôt que comme des points statiques. Dans "Le cycle de la
lunaison", Rudhyar a inventé une mesure en 8 phases du cycle
mensuel du Soleil et de la Lune, où les Pleines Lunes n'étaient
plus décrites comme un conflit entre nos personnalités consciente
et inconsciente. La Pleine Lune et les 7 autres phases étaient
décrites comme étant les parties d'un processus, soit une relation
dynamique entre ces deux corps essentiels. Chaque phase était vue
comme venant de quelque part et se dirigeant quelque part. Il donnait
aux astrologues une direction pour comprendre que même si le thème
natal est figé dans le temps et dans l'espace, nous et les planètes
ne le sommes pas. Travailler avec les phases lunaires ouvrait la
porte à une vision de l'astrologie qui mettait les astrologues au
défi de revoir leur approche et leurs comportements en la
matière.
L'importance
du travail de Rudhyar sur le cycle de la lunaison va au-delà de la
relation soli-lunaire. Il nous rappelle qu'il est bon d'analyser tous
les comportements des planètes à la lumière des cycles plus grands
dans lesquels elles évoluent. En un sens, cette démarche a
"féminisé" l'astrologie qui depuis 2000 ans, était
dominée par des consciences masculines. L'approche masculine de la
vie et de l'astrologie se focalisait sur des points précis, sur des
éléments fixes, afin d'en contrôler l'interprétation. Cette
approche masculine qui n'utilise pas un cycle mensuel visible, reste
en dehors des dynamiques de la nature et du cosmos. Et ce faisant,
ces hommes se sont octroyé le droit d'agir comme s'ils ne faisaient
pas partie de la nature, ils sont restés à l'extérieur, comme si
elle n'avait aucun effet sur eux. La dévastation écologique dans
laquelle nous vivons actuellement résulte de ces comportements
masculins.
Cependant,
le cycle de la lunaison nous rappelle que toutes les relations sont
faites de connections, qu'elles sont des vagues, des cycles, des
spirales, qu'elles ne sont pas composées de points séparés. Quand
nous prenons conscience de la nature des cycles, nous ne pouvons plus
nous empêcher de nous voir comme faisant partie d'un processus plus
grand. Rudhyar, même s'il est surtout un intellectuel, nous a aidé
à nous reconnecter avec la totalité de l'existance, il nous a
montré que c'est elle qui nous permet de prendre soin de nous et de
notre planète. Du coup, son oeuvre marque aussi un retour à une
ancienne vision du monde, mais celle où tous les êtres vivants
étaient en interrelation. Il se trouve aussi que l'oeuvre de Rudhyar
nous a poussés à adopter une perspective évolutive, celle où
l'humanité est créatrice de son propre futur. Par exemple, ses
écrits considérables sur les planètes extérieures, sont un des
moyens qu'il nous a laissé en partage pour nous permettre d'adopter
une nouvelle vision de nous-mêmes. Une des clefs de la compréhension
de ces planètes extérieures est leur rôle dans la transformation
de l'ego (limité par Saturne) en conscience cosmique. Ainsi, le
processus est tel que paradoxalement il appuie à la fois sur
l'individuel et sur le collectif. C'est-à-dire que chacun d'entre
nous sommes des individus uniques avec des choix à faire qui nous
concernent et concernent notre façon d'agir. Chacun d'entre nous
peut et doit agir pour réaliser les potentialités contenues dans
son thème natal. Si on laisse de côté le conditionnement culturel
ou social, il est évident qu'en nous se trouve une volonté humaine
et personnelle essentielle, qui nous donne toute liberté d'utiliser
nos ressources de façon individuelle. Mais le contexte dans lequel
s'exprime l'individualité a toujours un impact collectif. C'est
pourquoi Rudhyar voyait les planètes extérieures comme des moyens
d'évoluer au-delà du strictement personnel et de prendre le chemin
vers le transpersonnel. Ainsi chacun de nous contribue à la
conscience et à la croissance collectives.
Il
importe aussi de mettre en évidence que Rudhyar a beaucoup écrit
sur l'importance de la relation culture-astrologie. Il disait que
chaque culture développe sa propre astrologie. Cette idée simple et
logique ne se retrouve nulle part ailleurs dans la littérature
astrologique de ce siècle. C'est ainsi que Rudhyar nous rappelle de
porter une attention particulière au monde dans lequel nous vivons.
Et de ne pas rester enfermés dans nos petites chapelles, d'être
conscients des limitations qu'elles ne manquent pas de nous imposer
et de tout faire pour aller en conscience au-delà des limites que
nous nous serions imposées pour rester dans ces
chapelles.
Rudhyar,
qui était musicien, tirait son inspiration de multiples sources. Il
avait étudié la Théosophie, il connaissait parfaitement les
traditions religieuses orientales et il s'abreuvait à une grande
variété de philosophies. C'est à cause de l'étendue de ses
connaissances et de ses expériences qu'il était capable de passer
du côté technique au côté spirituel avec autant d'aisance. C'est
en associant tout ce qu'il a étudié qu'il a donné à l'astrologie
la valeur très élevée que nous lui reconnaissons maintenant. Et
puis, l'oeuvre de Rudhyar nous met au défi de ne pas nous enfermer
dans la peur et le déni. Ses écrits sont traversés par une
compassion non sentimentale qui prend racine dans l'intelligence et
c'est elle qui lui a permis d'oeuvrer toujours au niveau le plus
élevé. C'est ainsi qu'il s'adresse à nous et qu'il nous demande de
participer à la création d'une nouvelle phase d'expériences
humaines, de nous rapprocher des dieux et de vivre au niveau de ce
que nous avons de plus élevé en nous. C'est en pratiquant cela que
Rudhyar a reformulé l'astrologie et lui a rendu au 20ème siècle
ses lettres de noblesse ; et c'est le défi qu'il nous propose de
relever : être complètement humains, "divinement"
humains.
Certaines
des idées de Rudhyar sont ancrées dans l'astronomie, pour ainsi
dire dans les éléments "physiques" des planètes. Son
travail sur la relation Soleil-Mercure, par exemple, détaille tout
simplement leur cycle astronomique pour mettre en lumière leurs
relations possibles. Ce n'est pas un travail ésotérique, il colle
juste aux observations astrologiques de nos lointains ancêtres.
C'est une façon de nous rappeller que la logique et la simplicité
nous permettent tout simplement de faire nos propres observations,
d'en tirer des conclusions qui nous sont propres et donc d'ajouter à
la somme de Rudhyar nos observations personnelles.
Tout
ça pour dire qu'on ne peut pas qualifier Rudhyar d'astrologue
ésotérique. Parce qu'il a toujours ancré son travail dans le
concret et le pratique. On ne peut pas non plus dire qu'il serait un
astrologue traditionnel (matérialiste), parce qu'il avait clairement
compris que les évènements sont la matérialisation du sens. Son
oeuvre couvre tout ce qu'il est possible de couvrir en astrologie,
comme aucun astrologue du 20ème siècle n'a pu le faire. Bien que le
langage qu'il emploie soit parfois difficile à comprendre pour les
astrologues contemporains, le Sens qu'il contient n'est pas du tout
obscur. Il nous a vraiment montré, comme personne ne l'a jamais
fait, sur quoi est ancré notre travail d'astrologues et tout ce
qu'il contient de potentialités.
L'influence
de Rudhyar est tellement intrégrée par les astrologues modernes
américains, que les gens oublient que c'est lui qui est à la source
de tant d'idées et surtout principalement de la mise en exergue du
potentiel humain. Par exemple, les écrits de Stephen Arroyo sont
complètement imprégnés de la compréhension de Rudhyar en matière
de relations entre esprit et psychologie. En fait, toute l'astrologie
psychologique moderne a une dette envers Rudhyar qui n'a pas
seulement écrit énormément sur l'astrologie psychologique, mais a
construit un pont avec la spiritualité pour combiner les deux.
Aujourd'hui, l'influence de Rudhyar aux Etats Unis s'est obscurcie au
fur et à mesure que ses idées ont été absorbées par d'autres.
Par contre, en Europe, le travail d'Alexander Ruperti - ami et
disciple de Rudhyar - prolonge et diffuse son oeuvre de façon
beaucoup plus directe. Ruperti a organisé plus d'une douzaine de
groupes en France, en Suisse et en Espagne, qui étudient l'oeuvre de
Rudhyar et vivent au quotidien ses principes. Alex mérite un
remerciement spécial pour sa contribution originale à l'oeuvre de
Rudhyar. Les astrologues et les étudiants de son Réseau
d'Astrologie Humaniste (R.A.H.) travaillent à leur propre
transformation au travers de l'astrologie. C'est dans l'oeuvre de
Rudhyar qu'ils puisent leur inspiration à encourager le niveau
indivuel et à trouver des moyens pour aider à l'évolution de
l'humanité.
On
a appellé Rudhyar "L'Homme Semence", ce qui décrit
parfaitement ce pionnier Verseau qui a inspiré et instruit
tant d'entre nous. Il nous a remis un modèle d'astrologie avec ses
potentialités de devenir, il nous a montré vers quoi l'humanité
pouvait se diriger et, dois-je ajouter, il nous a montré le chemin
que nous devons emprunter si nous souhaitons survivre et prospérer.
Bon
100ème anniversaire, Dane Rudhyar Et
merci du plus profond du coeur.
6. Rudhyar
Tribute - contribution de Roeland M. de Loof
Roeland
M. de Loof - astrologue hollandais
Son site (astrologie védique)
: dirah.demon
TRANSFORMER
OU ... ?
L'existence
de la planète Terre n'a jamais été aussi menacée qu'à notre
époque. Malgré toutes les insécurités, une chose est sûre
cependant : si nous ne sommes pas capables de vaincre notre mentalité
égocentrique, ce n'est pas seulement l'humanité, mais probablement
toute vie sur terre qui sera condamnée.
-D'une société individualiste à une
société transpersonnelle
C'est
Dane Rudhyar qui, par exemple dans son livre "Vers une
conscience planétaire", a mis en évidence la nécessité de
passer d'une société centrée sur le particulier à une société
transpersonnelle. Dans une société transpersonnelle, les gens ne
seraient plus guidés par leurs egos, mais par leur Soi ; l'essence
de notre conscience qui est partie du Tout cosmique.
"Ce
qui est en jeu n'est pas quelques modifications mineures des
structures de la société. L'enjeu est une transformation
fondamentale qui transcende les conditions locales et nationales et
le comportement habituel des hommes égocentriques et cupides,
assoiffés de pouvoir et qui ont besoin de combler leur vide
intérieur. Ce changement nécessaire est aussi radical que celui qui
arrive lorsqu'on passe d'un état à un autre sur l'échelle des
températures - disons, comme quand on passe de l'état solide à
l'état liquide." (dans "Vers une conscience
planétaire")
-Astrologie centrée sur la personne ;
telle qu'elle met la personne en harmonie avec le cosmos
L'astrologie
a un rôle important à jouer dans la réalisation du nécessaire
processus de changement. Selon Rudhyar, le thème natal contient le
"nom céleste" individuel. Dans son livre "Les maisons
astrologiques" il le formule comme suit :
"Le
thème natal est vu comme la formule définissant structurellement la
"nature fondamentale" d'un homme. C'est un symbole cosmique
complexe - un mot ou logos révélant ce qu'est potentiellement la
personne. C'est le "nom céleste" de la personne
individuelle qui contient la marche à suivre pour permettre à la
personne d'actualiser au mieux ses potentialités de naissance - "les
potentialités-semence". Le thème natal est un mandala, c'est
un moyen de réaliser l'intégration tout-inclusive de la
personnalité." (dans "Les Maisons astrologiques")
Il
a été donné à l'astrologue une responsabilité importante, celle
d'expliquer à ses clients quels sont leurs "noms célestes",
de leur montrer quelles sont leurs possibilités d'accomplissement de
leur destin, de leur permettre de s'approcher au plus près de leur
personnalité cosmique. Ainsi, l'astrologue contribue à la
transition vers une société transpersonnelle dans laquelle ils
peuvent incarner leur véritable personnalité - une société sans
conflits de pouvoir, sans égotisme ni destructions, où les gens
peuvent vivre ensemble en harmonie et accomplir leur destin.
Les
livres de Rudhyar "L'Astrologie de la transformation" et
"La dimension galactique de l'astrologie" parlent d'une
telle approche de l'astrologie ; une astrologie qui stimule la
transformation de l'individu et par-là même lui permet de devenir
une partie d'une (future) société transpersonnelle.
"L'astrologue
transpersonnel est comme un poète évoquant le Sens du thème natal
considéré comme un Tout ainsi que l'épanouissement de ses
potentialites de transformation." (dans "L'Astrologie de la
transformation")
Cette
transformation permet de comprendre que "réaliser,
de façon vivante, totale et inéluctable, que le Soleil-ego n'est
essentiellement qu'une étoile galactique, constitue la première
étape fondamentale dans la transformation de l'homme, tel qu'il est
aujourd'hui dans la plupart des cas, en "plus-qu'homme",
symboliquement en être galactique, en "étoile". Cette
transformation est nécessaire car elle constitue la base de la
"Révolution galactique". (dans "La dimension
galactique de l'astrologie")
En
plus de prêter attention au développement et à la transformation
du client, l'astrologue devrait aussi parler des questions cosmiques
: "Le
thème peut alors être envisagé comme la représentation de la
signification et de la finalité dont le Tout plus grand, l'Humanité,
a investi cette naissance - donc le "dharma" du nouvel être
humain. Le terme "dharma" définit ce que le nouvel être
humain "pourrait" faire pour l'Humanité dont il fait
partie, ce que l'Humanité attend de cet individu, et qu'elle
favorisera dans la mesure du possible". (dans "L'Astrologie
de la transformation")
-Astrologie mondiale : comment nous
pouvons utiliser créativement les énergies planétaires qui sont à
notre disposition
A
côté de la tâche qui est la nôtre de stimuler les individus à
vivre en fonction de leur vrai Soi et d'accomplir leur destinée
cosmique, il serait formidable que les astrologues entendent
maintenant un autre appel de Rudhyar. Dans "La conscience
planétaire" il formule ainsi un des besoins de notre époque :"Au seuil du Nouvel Age, le
travail essentiel est de féconder l'inconscient collectif de
l'humanité d'Images adaptées au caractère global de la future
société que nous sommes en droit d'attendre".
Pourquoi ces nouvelles images ne viendraient-elles pas des
astrologues ? Ils sont extrêmement bien placés pour appréhender
les périodes de temps et leur contenu, particulièrement dans le
domaine de l'astrologie mondiale, l'astrologie des évènements
mondiaux, et ils possèdent pour ce faire un instrument capable de
reconnaître ce dont nous avons besoin aujourd'hui. L'astrologue
observe les planètes dans leurs cycles et peuvent avertir l'humanité
de l'utilisation optimale de ces énergies. A cet égard, les
conjonctions des planètes extérieures sont très importantes. Le
passé nous a enseigné que les énergies de ces conjonctions n'ont
pas toujours été utilisées créativement et que souvent des
guerres et des repressions qui n'avaient aucun sens en furent le
résultat. Cependant, l'astrologue connaît les moyens de montrer de
meilleure façon l'utilisation possible de ces énergies. Ceci n'est
pas seulement une possibilité, mais aussi le devoir de l'astrologue.
Je suis convaincu que nous ne recevons pas seulement nos talents pour
nous-mêmes, mais qu'aussi tout spécialement, nous avons le devoir
de les utiliser en les communiquant aux autres. Si le cosmos nous a
bénis en nous donnant le talent d'interpréter les cycles des
planètes, alors nous avons l'obligation d'utiliser ce talent pour le
bénéfice du Tout cosmique et tout spécialement dans l'époque
critique que nous traversons. Nous ne devrions pas nous perdre dans
des voies de traverse, mais plutôt nous focaliser sur l'essentiel,
sur ce qui est au coeur de notre motivation professionnelle.
-Idéal et pratique
Si
nous souhaitons être en tête dans le nécessaire processus de
renouveau, devons-nous investir un maximum d'énergie pour nous faire
reconnaître des sciences établies et des autorités ? Est-ce que
nous devons absolument essayer d'obtenir l'agrément de ceux qui
bientôt mettront des freins au renouveau, plutôt que de le stimuler
? Et quel est le prix que nous aurons à payer pour cela ? En ce
moment, Uranus et Neptune, les planètes symbolisant l'astrologie et
la spiritualité, sont dans le signe du Capricorne. Capricorne
oblige, j'ai remarqué en ce moment, qu'il y a quelques astrologues
qui font beaucoup d'efforts pour être placés au mieux dans la bonne
société, qui y cherchent une reconnaissance et qui portent une
grande attention au aspects financiers de leur profession. Je n'ai
bien sûr rien contre la "manifestation dans la matière"
d'un idéal, sinon tout cela reste de l'ordre de l'illusoire et ne
sera jamais ancré quelque part. Mais bien sûr, c'est tout à fait
différent lorsque l'idéal passe au second plan et finit par
disparaître.
L'astrologie
est une profession qui nécessite un "appel" particulier et
demande à l'astrologue d'être responsable - ce que l'on peut très
bien reconnaître à la façon dont elle est pratiquée. Et je dirais
quand même que souvent, elle est pratiquée au niveau que Rudhyar
évoque ici : "le type
d'astrologie-psychologique le plus répandu décrit tout simplement
aux individus leur caractère, leur personnalité et leur montre
comment ils devraient régler leurs conflits et leurs opportunités
de croissance à un niveau purement personnel - une sorte de
croissance qui leur permettrait principalement de se sentir plus
heureux, plus sûrs d'eux et de vivre pleinement leur vie privée ou
toutes sortes de situations sociales." (dans "L'Astrologie
de la transformation"). Après
tout, en ces jours où Uranus et Neptune sont en Capricorne, il y a
urgence à pratiquer la forme d'astrologie qu'on appelle pragmatique,
celle qui résout les problèmes des clients en espérant que leurs
problèmes diminueront. Cependant, Rudhyar pense, et je suis
complètement d'accord avec lui, que la joie qu'on donne à nos
clients de cette façon devient rapidement de la contrefaçon et que
le véritable bonheur ne peut être trouvé que par le contact avec
le vrai Soi.
Voici
ses arguments pour l'astrologie transpersonnelle : "L'astrologue
transpersonnel s'efforce d'évoquer (pour l'individu désireux
d'atteindre un état transcendental) la possibilité d'utiliser
chaque opportunité, chaque tension, chaque crise comme un moyen de
vaincre progressivement l'inertie de son passé, celle de ses
habitudes et celle des préjugés sociaux et mentaux et, par-dessus
tout, la résistance du "Je" aux changements qui mineraient
son autorité centralisatrice." (dans "L'astrologie de la
transformation"). Mon
expérience me dit bien sûr qu'une telle approche de l'astrologie ne
me permet pas de faire à mes clients des suggestions basées sur le
bonheur à court terme, puisqu'une telle proposition pousse
l'individu à s'engager dans un voyage long et difficile en quête de
son vrai Soi pendant lequel il devra dépasser son passé karmique.
Mais la récompense est un véritable bonheur intérieur, à la place
d'un bonheur de surface. Peut-être que pendant le transit d'Uranus
et de Neptune en Capricorne, il est moins à la mode d'être
idéaliste (Neptune est en relation avec la mode) ... Alors,
particulièrement dans une période comme celle que nous vivons,
devrions-nous être attentifs au fait que l'essence, la motivation
centrale de notre profession d'astrologues, telle que décrite par
Rudhyar, ne soit pas perdue.
-L'astrologie mondiale et personnelle
au service du processus de transformation
L'astrologue
devrait être au premier plan, je pense, du renouveau de la société
et stimuler la transformation des individus qui en font partie. Les
vieilles façons de faire ont amené la terre au bord du désastre.
Si nous ignorons l'appel de Rudhyar, nous courons à la catastrophe.
En tant qu'astrologues, nous devrions chercher les sources les plus
profondes de symptômes comme la pollution, la violence et le
racisme. Nous sommes capables de mettre en évidence les archétypes
(astrologiques) qui correspondent à ces symptômes, afin qu'ils
puissent être utilisés de meilleure façon. Après tout, ces
archétypes sont neutres, et nous sommes ceux qui peuvent décider
s'ils agiront de façon positive ou négative. Je pense que c'est la
première chose que nous avons à faire en tant qu'astrologues.
L'autre chose consiste à amener l'individu plus près de son destin
en déchiffrant pour lui son "nom céleste". Ce qui peut
apporter beaucoup de bonheur à sa vie et lui permet de prendre place
dans la société que le cosmos a prévue pour lui. Plus on suivra
cette route et plus il en résultera de l'harmonie pour la
société.
Alors
honorons Dane Rudhyar de façon concrète : l'héritage de Dane
Rudhyar peut aider à contrecarrer les excès de professionnalisme
trop affairistes et les approches trop pragmatiques. Pour moi,
l'idéalisme tel que formulé par Rudhyar et le motif central qui
doit imprégner l'astrologie. Si l'astrologie n'était pas inspirée
et si elle n'avait pas un but élevé, je crois que j'arrêterais
immédiatement. L'astrologie propose assez de moyens aux astrologues
pour contribuer au processus de transformation de façon concrète.
Nous devons au cosmos et à la vie sur terre de pouvoir les employer.
Bien sûr, il nous faut faire un choix et décider de quitter les
vieux chemins trop sécurisants que nous avons parcouru et
reparcouru. Une fausse sécurité qui nous a en plus rendus
responsables d'un possible futur très sombre ... un futur qui
pourrait être tellement large, ouvert et beau, si nous dirigeons
tous nos esprits vers lui. C'est la leçon la plus importante que
Rudhyar m'a enseignée.
Vivons
en accord avec le plus grand honneur que
nous puissions lui rendre
Samuel
Djian est mon professeur d'astrologie et je l'ai rencontré à Paris
en 84, juste après son retour des Etats Unis où il avait passé,
d'aller-retour en aller-retour, pratiquement deux années en
compagnie de Rudhyar. Je sais bien qu'il ne fait pas partie du
Rudhyar Tribute d'astrologie.ws, mais j'ai eu envie de mettre en
ligne, au coeur des traductions que je suis en train de faire, pour
qu'il s'y sente au chaud ! et après lui avoir demandé son accord,
bien sûr !, une partie de la page de son site dans laquelle il
évoque son parcours en astrologie ainsi que sa rencontre avec
Rudhyar.
Aucun astrologue francophone - pas même Ruperti - autre
que lui, n'ayant passé autant de temps avec Rudhyar, il me semble
donc qu'il il a tout à fait sa place dans cet hommage à Dane
Rudhyar, d'autant plus qu'il a traduit en français deux de ses
livres "Approche astrologique des complexes psychologiques"
et "Astrologie et psyché moderne" aux Editions de Médicis.
Autre chose qui le différencie de Ruperti - et qui les rend
complémentaires aussi en tant que disciples de Rudhyar - c'est que
Ruperti a surtout diffusé l'approche humaniste de l'astrologie de
Rudhyar, alors que Samuel, à cause de son parcours et de la nature
de son dharma, diffuse plutôt l'astrologie transpersonnelle.
Découverte
de Rudhyar
C'est
Germaine Holley qui me parla pour la première fois de Dane Rudhyar
en 1978. Par la suite, je me rendis compte qu'Henry Miller en avait
parlé dans certains de ses livres que j'avais lus en 1972-73. Mais
cela m'avait échappé ou bien s'était inscrit comme une évidence
dans un coin de ma mémoire. Quand j'ai connu Germaine Holley, en
cette même année 1978 - marquée dans mon thème natal par des
transits et des progressions importants et une Révolution Solaire
très significative, une de ses amies suisse (la Suisse joue un grand
rôle dans ma vie personnelle, autre coïncidence avec Germaine
Holley et Charles Vouga, ce qui est normal, au demeurant, pour un
Mars Maître d'Ascendant en Vierge ... tout comme Germaine, "le
plus emm...des Mars !" disait-elle), Yvonne Anex-Genoud,
travaillait à la traduction en français du premier livre de Rudhyar
"Le Cycle de la Lunaison". J'eus ainsi l'occasion de lire
le manuscrit de la traduction et c'est de cette manière que je pris
contact avec la pensée de Rudhyar. Ce livre me transporta à nouveau
vers des sommets astrologiques et métaphysiques aussi élevés que
l'Everest. Madame Holley me dit alors que, compte-tenu de mes études
et de ma tournure d'esprit, Rudhyar aurait certainement beaucoup à
m'apporter. Elle me donna à lire les quelques livres, en anglais,
qu'elle possédait dans sa bibliothèque, certains annotés par
Vouga. C'était du petit lait qui était déversé dans ma conscience
et j'avais le sentiment de repousser sans arrêt l'horizon de ma
connaissance. Cette année 78 fut marquée pour moi par une ouverture
prodigieuse : la rencontre avec Germaine Holley et l'enseignement
qu'elle me dispensait personnellement ou à travers les groupes qui
se réunissaient autour d'elle, la découverte de Rudhyar, mon
premier voyage en Inde et l'enseignement de Paramahansa Yogananda,
mes débuts de consultant en Astrologie...
Durant
l'été de 1979, alors que j'étais resté à Varengeville auprès de
Germaine Holley après les stages, je me rendis compte que, depuis
Dieppe, je n'étais qu'à quelques encablures de l'Angleterre et de
Londres où je pourrais sans doute trouver d'autres livres de
Rudhyar. Un petit matin brumeux, j'allais jusqu'à Dieppe avec la
vieille R8 de Madame Holley et m'embarquait pour Newhaven. Tandis que
le ferry prenait le chemin d'Albion, il me revint en mémoire un
épisode de la vie d'Henry Miller qui fit ce même trajet dans les
années 30 (Via Dieppe-Newhaven dans le recueil de nouvelles Max et
les phagocytes). Je rentrai de Londres avec tous les livres de
Rudhyar, le cœur en fête, assoiffé.
Immédiatement, au fur
et à mesure que je lisais, j'appliquais la compréhension que
Rudhyar m'apportait à ma propre vie et celle-ci m'apparaissait
pleine d'un sens que je percevais certes, mais qui prenait sa pleine
mesure avec la notion de cycle par exemple, particulièrement le
Cycle de la Lunaison progressé. Les Symboles Sabian apportaient un
éclairage nouveau et riche de perspective. Le lien que Rudhyar
faisait avec la psychologie que j'étudiais en profondeur dans le
même temps, comme avec toutes les spiritualités orientales et
occidentales dans lesquelles j'étais plongé depuis 1972, me permit
d'intégrer, de manière "holistique", toutes les
recherches et les études que j'avais pu faire depuis que j'étais en
quête, en fait depuis mon enfance ! Ma vie s'ordonnançait. En
lisant "Birth Patterns for a New Humanity" (traduit par la
suite en français sous le titre "L'Histoire au rythme du
cosmos"), je pus faire le lien entre mes études de Sciences
Politiques à l'Université et l'Astrologie. Ce qui m'avait appelé,
quand j'avais entrepris ces études, c'était le besoin de comprendre
la place de l'homme dans le monde, sa place dans la société,
l'évolution des sociétés et la manière dont elles pouvaient vivre
en fonction de choix sociaux et économiques spécifiques. J'espérais
que cette compréhension m'aiderait à mieux oeuvrer pour que chacun
soit à sa juste place et contribue à la bonne marche de la vie
communautaire dans le respect des différences, dans un esprit de
justice et de partage. Ce besoin de participer l'émergence d'une
nouvelle forme de société et à de nouvelles formes de relations
humaines m'habitait depuis l'enfance et c'est ce qui m'a poussé plus
tard à aller à Findhorn où une expérience de vie nouvelle était
en route, puis à fonder, avec d'autres chercheurs, le Groupe de
Lucinges, en Haute-Savoie, qui s'était donné pour mission, en tout
cas dans mon esprit, de faire émerger concrètement ce nouveau type
de relations.
Quelques
mots sur l'œuvre de Rudhyar
Avec
l'approche socio-politique fondée sur une compréhension spirituelle
de l'univers et de l'homme que j'ai trouvée chez Rudhyar, cette
dimension que je recherchais, à tous les niveaux, était présente
et clairement formulée. Il ne faut pas oublier que Rudhyar n'était
pas un astrologue en réalité, contrairement à l'idée
réductionniste que l'on se fait de lui dans certains milieux
astrologiques. C'était un penseur, un philosophe, un visionnaire
d'un monde nouveau et il a tenté de donner à cette vision
différents modes d'expression sur les multiples plans dans lesquels
chacun de nous évoluons, physique, émotionnel, mental, spirituel.
La musique (à l'origine, il était compositeur), la poésie, le
roman, la peinture, l'essai et, bien sûr, l'Astrologie, étaient
pour lui des outils à travers lesquels il pouvait illustrer sa
vision. C'est pourquoi ses écrits majeurs ne sont pas des livres
d'Astrologie, mais des livres "métaphysiques" et nul ne
peut aborder réellement son Astrologie s'il ne les a lus au préable
"Vers une Conscience planétaire", "Préparations
spirituelles pour un Nouvel Age", "Un Nouvel Homme pour un
Nouvel Age". Et si on ne devait lire qu'un seul de ces livres,
il faudrait lire son testament philosophique : "Le Rythme de la
Totalité" publié en anglais en 1983, en français un peu plus
tard. Rudhyar m'a dédicacé le livre quand il est sorti "For
Samuel, that his life may unfold in rythms of wholeness and peace"
(Pour Samuel, que sa vie s'accomplisse aux rythmes de la totalité et
de la paix).
Cher
Rudhyar, merci de votre souhait qui m'a accompagné depuis que je
vous ai rencontré. Et si j'ai effectivement le sentiment, avec les
années, que ma vie suit bien le rythme de la totalité, je sais que
l'acquisition de la paix et de la sérénité est le fruit d'un long
chemin. Mais, plus j'avance, et plus les périodes durant lesquelles
elles se manifestent prennent de l'ampleur ... Par rapport à la
vision plus sociale évoquée plus haut, Rudhyar a écrit un certain
nombre de livres parmi lesquels "Directives for a New Life",
"The Rhythm of Human Fulfillment" et, particulièrement,
"Culture, Crisis and Creativity"(non traduits en
français).
Contact
avec Rudhyar
Lorsque
Germaine Holley me fit découvrir Rudhyar, aucun de ses livres
n'étaient traduits en français. "Le Cycle de la Lunaison"
le fut en 1978, la plupart des autres à partir de 1982-83. Je venais
juste d'apprendre, lors de mon voyage en Inde, à lire vraiment en
anglais et la lecture de Rudhyar contribuèrent à enrichir ma
connaissance de cette langue. C'est précisément en anglais
(laborieusement !) que j'écrivis ma première lettre à Rudhyar.
Devant mon enthousiasme et la rapidité avec laquelle j'intégrais
les concepts élaborés par Rudhyar, Madame Holley me suggéra de lui
écrire. "Vous savez, il sera très heureux de savoir que de
jeunes astrologues français s'intéressent à son oeuvre et la
diffusent comme vous le faîtes désormais". Elle était en
contact avec Rudhyar depuis des années, elle l'avait rencontré dans
des congrès d'astrologie aux États-Unis et ils avaient sympathisé,
reliés par la langue française. Elle me donna donc son adresse,
mais j'attendis un certain temps avant de lui écrire. Je n'osais
importuner celui qui était devenu pour moi mon maître en
Astrologie. Je profitais des fêtes de fin d'année, en 1979, pour
lui envoyer mes vœux et le remercier de ce qu'il m'avait apporté. A
mon grand étonnement, il me répondit et ainsi s'engagea une
correspondance régulière. Il me suggéra d'ailleurs de lui écrire
en français tandis que lui le faisait en anglais. Dans ces
années-là, Rudhyar était quasiment inconnu en France. Comme je
désirais à tout prix le faire connaître et faire partager
l'enthousiasme et l'immense vision qu'il m'inspirait, je donnais des
conférences mensuelles au Centre Galande, dans le 5eme
arrondissement de Paris, qui attirait nombre de personnes en quête
d'une autre conscience autour de Claude-Marc Perrot, qui fut mon
analyste.
Par
Germaine Holley, j'avais également fait la connaissance d'Annick
Gignoux, qui dirigeait la Librairie de Médicis ainsi que les
Editions du même nom. Quand je lui parlais de Rudhyar, je lui dis
que d'ici quelques années, il serait considéré comme l'astrologue
essentiel du XXème siècle. (En fait, je me trompais d'une certaine
manière : il était tellement en avance sur l'évolution des
consciences que peu d'astrologues, dans ce siècle scientiste,
pouvaient réellement appréhender sa véritable dimension. Alors, il
sera, pour sûr, l'astrologue du XXIème siècle !). Toujours est-il
qu'Annick me fit confiance et me demanda de lui citer, parmi les
livres de Rudhyar, ceux qui me semblaient devoir être traduits en
priorité. Le choix était difficile car tous les livres me
paraissaient essentiels. Mais je finis par choisir cinq titres : "La
Pratique de l'Astrologie", "L'Astrologie de la
Personnalité", "Les Symboles Sabian", "Approche
Astrologique des Complexes Psychologiques" et "Astrologie
et Psyché Moderne". Annick me proposa de traduire le premier et
je me mis aussitôt au travail. Mais, pour certaines raisons, le
projet ne put aboutir. Cet incident me décida alors à partir aux
Etats-Unis car ce qui m'importait le plus était de rencontrer mon
maître et de passer du temps auprès de lui avant qu'il ne quitte
son corps.
La
Californie
C'est
ainsi que je débarquais à Los Angeles en juillet 1981, après avoir
fait auparavant, par un concours de circonstances innatendu, un
détour de 6 mois en Inde. Dans le taxi qui m'amenait de l'aéroport
à downtown, la radio diffusa la chanson de Scott McKenzie "If
you are going to San Francisco" qui avait marqué, avec bien
d'autres, une certaine époque de ma vie : la Californie et
particulièrement San Francisco étaient alors le lieu de la
"contre-culture", de l'"underground" et bien des
choses qui se sont passées dans les "sixties" et qui nous
parvenaient en France à travers la revue "Actuel"
n'étaient pas étrangers au fait que je me trouvais soudain à la
source de ce que j'étais devenu. Il ne faut pas oublier que Rudhyar
a été découvert par cette contre-culture et il fit figure, durant
cette période, de maître à penser tout comme Alan Watts ou Ram
Dass (l'Américain, universitaire défroqué, et non Swami Ramdas,
l'auteur des merveilleux Carnets de Pélerinage) par exemple. Par la
suite, j'eus l'occasion de discuter avec Rudhyar et sa femme, Leyla
Rael (qui, née la même année que moi, avait participé, à sa
manière, à cette dynamique) et tous les deux me parlèrent de
l'effervescence et de l'impact de ce mouvement sur la prise de
conscience de l'Amérique.
L'une
des incidences de la contre-culture fut l'émergence du mouvement du
Nouvel Age. Au moment où j'arrivais aux Etats-Unis, le Nouvel Age
démarrait et le livre de Marylin Ferguson "Les Enfants du
Verseau", en était devenu une sorte de manifeste. Rudhyar était
au fait et au cœur de tout cela et il m'en parla très clairement.
Il était très intéressé par ce qui se passait - il a abondamment
évoqué l'Ere du Verseau dans ses ouvrages - et en même temps il
était très réservé. Au-delà de la richesse que le mouvement
faisait surgir, il était très conscient des dérives qu'il portait
en lui. Il fut l'un des premiers, non pas à le dénoncer, mais à
mettre en garde ses adeptes contre les dangers à venir.
Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, le Nouvel
Age a été un mouvement riche à ses débuts et il correspond à une
étape dans la conscience de l'évolution...
J'avais
prévenu Rudhyar de mon arrivée et il m'avait répondu que lui et
Leyla Rael seraient heureux de m'accueillir. Cela faisait un mois que
j'étais à Los Angeles lorsque Leyla me contacta pour me dire que
Rudhyar était prêt à me recevoir. Je me rendis donc à San
Francisco, tout émerveillé de découvrir la ville de la "maison
bleue". Et même si l'époque des sixties était révolue,
Frisco et toute la "Bay Area" bruissaient de cette vie
fantastique de la rencontre entre l'Orient et l'Occident, de tout ce
foisonnement dans tous les domaines. Il y avait du bon et du moins
bon et puisque l'Espagne avait laissé son empreinte sur cette
région, on peut dire que c'était l'auberge espagnole...
Première
rencontre avec Rudhyar
Tout
comme cela m'était arrivé quelques temps auparavant avec Germaine
Holley, je vivais dans une sorte d'état second dans l'attente de la
rencontre. "Beyond Individualism" ("Un Nouvel Homme
pour un Nouvel Age") venait juste de sortir et sa lecture ne
faisait que renforcer mon bouillonnement intérieur. San Francisco
est une ville magnifique et son décor prestigieux a servi de cadre à
maints films ou téléfilms. Son climat est tout à fait particulier
et les moments de grande chaleur alternent avec les moments de
brouillard opaque, le fog. Quand le fog s'abat sur la ville, on a
intérêt à être chaudement vêtu, sinon il s'insinue dans notre
peau. Dans mon esprit, avant de débarquer à SF, je pensais qu'il y
faisait toujours plein soleil. Aussi me fallut-il faire l'acquisition
d'un manteau pour affronter le fog.
Le
matin de ma première entrevue avec Rudhyar - j'avais rendez-vous en
début d'après-midi à Palo Alto, à près d'une heure de train de
SF - le fog s'étendait sur la ville. A mesure que le train
s'éloignait de la ville, le soleil perçait les brumes et,
finalement, je me retrouvais dans une lumière éblouissante et une
chaleur écrasante. Sensible aux symboles, aux coincidences et aux
synchronicités, je ne pus m'empêcher de faire le parrallèle avec
la rencontre que je vivais. Des gares de villes au nom magique
défilaient l'une après l'autre tandis que le train descendait la
"Peninsula" en direction de Palo Alto : Menlo Park, Redwood
City, San Carlos...le long du célèbre El Camino Real. Palo Alto,
enfin. Leyla Rael m'attendait et, après m'avoir serré dans ses bras
à la manière américaine, le "hug", elle me conduisit
jusqu'à la villa où résidait Rudhyar. Bien qu'âgé - il avait 85
ans - Rudhyar était grand et élancé, légèrement vouté. Il se
pencha vers moi et me serra à son tour dans ses bras "Welcome,
dear friend" me dit-il. Intimidé, impressionné d'être en
présence de mon maître, je baragouinais quelques mots en anglais.
Aux différentes questions qu'il me posait, je bafouillais, essayant
de répondre avec mon accent épouvantable et incompréhensible. Au
bout de quelques minutes, Rudhyar me dit, en français : "Parlez
donc en français, votre anglais est incompréhensible !" A
partir de ce moment, toutes nos conversations - à mon grand
soulagement - se firent en français.
Auprès
de Rudhyar
Peu
de temps après cette première rencontre, je m'installais à San
Carlos, non loin de Palo Alto où je me rendais quasiment chaque jour
en bus pour passer quelques heures avec Rudhyar. J'arrivais vers 10 h
et nous nous mettions au travail. Le but était de clarifier les
concepts que l'on trouve dans son oeuvre afin que les traductions
futures de ses livres soient en phase avec son enseignement. De même,
il tenait à ce que certains mots soient traduits exactement comme il
l'entendait. Par exemple, dans certains contextes, il demandait à ce
que mind soit traduit par mentat. Il m'expliqua que, si je voulais
bien comprendre le sens de son enseignement et ne pas commettre de
contre-sens dans une traduction, il me fallait lire les théosophes,
notamment Annie Besant ainsi qu'Alice Bailey. Bien que sa vision du
monde se démarquait par certains côtés de celle des théosophes ou
d'Alice Bailey, fondamentalement, il y avait un lien entre elles. Il
me raconta qu'il avait bien connu Alice Bailey. Elle l'encouragea à
écrire son premier livre, "L'Astrologie de la Personnalité",
qu'elle fit publier, en 1936, par sa propre maison d'édition, le
Lucis Trust. J'avais déjà bien abordé par moi-même les théosophes
et je me mis à lire Alice Bailey, ce qui, effectivement, me permit
de mieux situer la pensée de Rudhyar. Cette connaissance me servit à
traduire le mieux possible deux des livres de Rudhyar que Annick
Gignoux me proposa de traduire losque je rentrais définitivement en
France en 1983 : "Approche astrologique des complexes
psychologiques" et "Astrologie et Psyché moderne".
Surtout, je fus mieux à même de diffuser correctement
l'enseignement de mon maître à travers les stages, conférences et
séminaires que je donnais à partir de cette date ainsi que dans les
articles que j'écrivis dans de nombreuses revues.
Mon
séjour en Californie se partagea entre les visites à Rudhyar, les
rencontres avec les autres disciples de Paramahansa Yogananda, la
découverte de la mouvance du Nouvel Age, un approfondissement de ma
recherche dans tous les domaines. Il m'arrivait souvent, en rentrant
de chez Rudhyar, de m'arrêter à Menlo Park pour passer des heures
dans la librairie East-West Bookshop où je trouvais des trésors
inconnus en France. Avec Rudhyar, nous fîmes un pélerinage à Big
Sur, que je raconte dans un article publié dans la revue "D'Ames
et d'Hommes" : D'Henry Miller à Dane Rudhyar. Retour
en France
Au
bout de quelques mois, je voulus rentrer à Paris pour liquider mes
affaires et revenir m'installer définitivement en Californie. Je
pensais faire un aller-retour et rester une quinzaine de jours au
plus en France. Je me dis que, tant qu'à faire, je pourrais profiter
de ce séjour pour donner une conférence sur Rudhyar et faire,
peut-être, quelques consultations. Quand j'étais parti en Inde puis
aux Etats-Unis, 2 ans plus tôt, j'avais laissé ma clientèle qui
devenait tout de même conséquente et je pensais qu'après une
absence aussi longue, il me faudrait tout redémarrer à zéro si
jamais je voulais me réinstaller sur Paris. Je demandais à mon ami,
le psychanalyste Claude-Marc Perrot, de m'organiser une conférence
au Centre Galande qu'il avait créé de nombreuses années plus tôt.
Avant mon départ, je travaillais en tant qu'astrologue dans le cadre
de cette association qui faisait figure de pionnier dans le domaine
du développement personnel tel qu'on l'entend aujourd'hui.
Quand
j'arrivais à Paris pour cette conférence, je fus étonné par la
foule qui m'attendait dans le petit appartement de la rue
Valentin-Haüy, siège de l'association. Dans la pièce qui servait
de lieu de conférence, de cours ou de stage, les gens étaient
serrés les uns contre les autres, certains n'avaient pu rentrer et
s'étaient agglutinés dans le couloir. Vainquant la timidité qui
m'a toujours habité - il me fallait, surtout à cette époque faire
un violent effort sur moi-même pour sortir de ma Maison XII mais ma
foi m'emporter vers l'extérieur - je me lançais. Progressivement,
j'étais emporté par mon enthousiasme et je sentais les personnes
devant moi complètement en résonance avec ce que je disais et la
vision que je proposais de Rudhyar semblait rencontrer l'adhésion.
Quand j'eus terminé après la lecture enflammée d'un passage de
"Directives for a new life", la salle éclata en
applaudissements. Jamais, jusque-là, je n'avais ressenti avec autant
de force ce que voulait dire "être un canal". Ce soir-là,
non seulement je m'étais vraiment mis au service de Rudhyar et de
l'évolution de la conscience mais j'avais aussi découvert que
j'étais moi-même.
La
demande de consultations, de cours et de séminaires fut tel que je
restais 3 mois à Paris pour y répondre. Je sus alors que ma place
était là, en France, et que les Etats-Unis étaient avant tout un
lieu de ressourcement et de découvertes. Je fis encore 2 fois ces
navettes entre Paris et la Californie consacrant mon temps à Rudhyar
quand j'étais outre-atlantique et à mon travail d'astrologue quand
j'étais à Paris.
A
la fin de 1982, je rentrais définitivement en France et alors
commença réellement mon travail de diffusion de la pensée de
Rudhyar et d'enseignement. Pascale Bergeron, qui venait de créer son
école d'Astrologie sur Lyon, me demanda de venir enseigner chez
elle. Tout un mouvement lié plus ou moins à la dynamique du Nouvel
Age se développa sur la France et en Europe et des centres de stages
et de lieu d'enseignement de toutes sortes de disciplines de
développement personnel se créèrent un peu partout. Pour ma part,
je collaborais avec Corps et Energie d'Evelyne et Alain Chevillat qui
furent également à l'origine de la revue "Sources" qui
informait sur tous ces sujets et, surtout, faisait un lien entre les
enseignements de l'Orient - particulièrement de l'Inde - et
l'Occident. Je trouvais naturellement ma place dans cette approche.
(Pour la petite histoire, Alain et Evelyne partirent ensuite quelques
temps en Inde et, quand ils revinrent, créèrent "Terre du
Ciel").
Jusqu'à
sa mort, en 1985, je restais en contact épistolaire avec Rudhyar et
continuais à bénéficier de ses précieux conseils. Aujourd'hui, il
est plus que jamais présent en moi, tout comme Germaine Holley et
Charles Vouga. Même si j'ai fini par trouver, avec l'Astrologie
Transpersonnelle, mon propre mode d'expression de ce qu'ils m'ont
transmis, je leur suis fidèle comme en Inde un disciple l'est par
rapport à ses maîtres.
Les
cieux extérieurs sont un poème que répète le ciel intérieur. Mais
cette voix silencieuse ne peut être entendue que par ceux qui
ont le courage, l'audace et la persévérance de
marcher pas à pas sur la route illuminée. (D.R.)
Patana
Usuni - astrologue américain - Austin - Texas
POURQUOI
DANE RUDHYAR VIVAIT-IL ?
Ceux
d'entre nous qui sont familiers de Dane Rudhyar le connaissent
principalement pour son travail de pionnier-semence dans la
reformulation de l'astrologie moderne. Aujourd'hui, le résultat de
son dur labeur a virtuellement pénétré tout le champ de
l'astrologie, que ce soit directement ou indirectement, que les
résultats en soient évidents ou plus en arrière-plan. Et ce, bien
que l'astrologie n'ait pas été sa vocation première, ni la
seule.
Au
cours de sa très longue vie, son activité créatrice s'est exprimée
dans plusieurs secteurs, composant une tapisserie aux entrelacements
complexes. Dans son domaine initial d'expression productive, celui de
la composition musicale, il était reconnu appartenir au courant de
la "Nouvelle Musique Moderne" et le concert où l'on joua
ses compositions à New York le 4 avril 1917, fut le premier où l'on
entendit de la musique polytonale dissonante aux Etats Unis.
Parallèlement à son intérêt pour la musique, il commença à
écrire de la poésie qui n'était pas conforme aux traditions
littéraires établies ou disons qui ne cadraient pas avec les formes
ésthétiques en vogue. Deux dizaines d'années plus tard, à Santa
Fé, au Nouveau Mexique, il commençait à peindre et il a été tout
de suite associé au Mouvement d'Art Transcendental. Et puis il
fallut encore une trentaine d'années pour que son oeuvre
astrologique soit entendue comme faisant partie de la mouvance du
développement du potentiel humain et soit associée aux mouvements
New Age. Et tout au long de ces décades on peut voir qu'un même fil
se dévide au coeur de l'oeuvre de Rudhyar.
L'hommage
qui lui est rendu ici pour son centenaire est une excellente occasion
pour explorer la nature de ce fil et pour répondre à la question
titre de ce texte : "Pourquoi Dane Rudhyar vivait-il ?".
Avant
de commencer l'exploration propre, il convient d'examiner les lieux
où ce fil prend racine et se poser la question de savoir quels en
furent les développements subséquents. La force qui a guidé
Rudhyar tout au long de sa vie est ancrée dans deux prises de
conscience lorsqu'il avait 16 ans : la première - qui avait deux
parties - était que le Temps est cyclique et que la Loi des Cycles
contrôle toutes les civilisations ainsi que l'existence toute
entière ; la seconde était que la civilisation Occidentale
s'approchait de la "phase automnale" de son existence. Au
départ, ces prises de conscience étaient spontanées et intuitives,
bien que très influencées par une exposition aux écrits de
Friedrich Nietzsche - le dernier et le plus influent philosophe du
tournant du 20ème siècle, qui, au milieu de bien d'autres choses,
encourageait à la réévaluation de toutes les valeurs. En tout cas,
ces deux prises de conscience déclenchèrent chez Rudhyar la
nécessité de se dissocier de l'Europe et de partir en quête d'un
"Nouveau Monde" où il pourraît aller planter la semence
qu'il se sentait être, portant avec elle l'héritage de tout ce qui
était viable et constructif dans le passé de l'Europe. C'est ainsi
que l'idéal de "l'homme-semence" grandit dans sa
conscience et que se mit en forme le "thème central" qui
domina et pénétra toute sa vie et tout son travail par la
suite.
En
1916, à 21 ans, Rudhyar se consacra à son idéal et à son choix
d'être-semence en quittant la France, son pays de naissance, pour
aller aux Etats Unis, s'étant reconnu comme "une semence portée
par les vents au-dessus de l'océan ... destinée à aller se planter
dans le sol fertile et vierge d'un "Nouveau Monde" ".
Et c'est là que de 1917 à 1928, il fit des études longues et
approfondies en disciplines variées : les philosphies Orientales et
occultes, la musique Orientale, l'astrologie, etc ... La Théosophie
de "La doctrine secrète" d' H.P. Blavatsky joua un rôle
tout à fait spécial dans la plupart de ses développements
ultérieurs. Au début des années 1930, il étudia parmi d'autres
domaines, la psychologie des profondeurs - particulièrement la
Psychologie Analytique de Carl Jung - les nouvelles physiques
Einsteiniennes et un livre qui eut sur lui un effet catalytique :
"Holism and Evolution" de Jan Smuts. Evidemment, toutes ces
études ne visaient pas à accumuler une masse de données et/ou
d'informations. Plutôt, Rudhyar s'engageait consciemment dans une
voie qui consistait à développer pour lui-même une "plus
haute" forme d'opérations mentales, capables de traiter de
principes fondamentaux, universels, spirituels et métaphysiques,
ainsi que des processus cycliques. Plus tard il définit cette haute
activité mentale comme suit : "Clairthinking", c'est à
dire : l'expérience directe des idées.
Pendant
qu'il intégrait ses études à son idéal de semence, Rudhyar
commença a sentir que son destin était d'élaborer une
reformulation créative et synthétique des principes occultes et
métaphysiques anciens et traditionnels. Le but de cet effort était
de favoriser le "clairthinking" chez les autres, de façon
à les aider à développer un "esprit de Totalité"
individuellement et collectivement. Ce destin devint alors l'essence
et le germe de l'idéal qu'il s'était choisi, celui de
l'être-semence. Tandis qu'au cours des années, Rudhyar mettait tous
ses efforts à incorporer les aspects de sa reformulation globale
dans la musique, l'astrologie, les arts, la poésie et la
littérature, un diffusion complète et compréhensible de ses
recherches n'intéressait pas grand monde. Il ne trouvait ni éditeur,
ni public réel qui soit intéressé par son travail. Ce n'est qu'en
1970 que des possibilités de publication se présentèrent à lui
pour "Vers une conscience planétaire" (Planétarisation),
qui fut à l'origine de la publication d'une série de livres dédiés
à une "philosophie de Totalité opératoire". Cette
démarche inclut "We can begin together again",
"Préparations spirituelles pour un Nouvel Age", "Culture,
crisis and creativity", "Un nouvel homme pour un Nouvel
Age", "Le rythme de la Totalité" (Rythme) et "The
fullness of human experience". Planétarisation et Rythme sont
les fondations, tandis que les autres servent de piliers encadrant
les différents aspects et les angles de la structure.
Bien
qu'il soit correct de parler d'une philosophie de la Totalité
opératoire, il semble que les écrits de Rudhyar soient plus
artistiques et musicaux dans leur forme que peuvent l'être les
théorisations critiques et/ou analytiques habituelles. Ses mots
semblent rayonner de teintes iridescentes, illuminant un clair-obscur
aux multiples profondeurs ; ils vibrent avec le son et sa
prononciation et coulent en vagues de sens. Evidemment, cela n'a rien
à voir avec les trucs académiques habituels et d'ailleurs ce n'est
certainement pas ce que Rudhyar cherchait à faire. Non, c'était une
démarche de "libération automnale" d'"idées-semence"
: des idées et des symboles nouveaux d'ordre, de relations,
d'accomplissement et de plénitude globale, comme autant de germes
prêts à féconder le futur. Bien sûr présenter ou même essayer
de résumer la vision du monde complète de Rudhyar va bien au-delà
du contexte de ce court essai. Donc, à la place, je vous propose une
sorte de survol extrêmement condensé et essentialisé du message
qui me semble parler au travers de sa philosophie ...
Le
meilleur endroit pour commencer me semble être l'évolution humaine
et planétaire. Géologiquement parlant et jusqu'à récemment,
l'évolution planétaire a représenté essentiellement l'évolution
de la vie. Cependant, avec le développement de ce que l'on appelle
"l'humanité" (et il est possible qu'il y ait eu d'autres
"humanités"), un autre facteur vient s'ajouter,
l'évolution humaine, qui devance maintenant l'évolution planétaire.
L'évolution humaine est constituée du processus de "civilisation".
Et son objectif est le dévoloppement, chez les êtres humains, de la
capacité de fonctionner à un niveau d'existence transcendant, dans
un champ organisé de conscience et d'activité, qui se base et qui
dépend d'un type de substance supraphysique. Il implique
essentiellement un glissement dans la conscience et l'identité
humaines de leur position géographique actuelle au niveau
biopsychique de la nature terrestre, vers ce qu'on pourrait appeller
le niveau "spirituel-mental". Ce processus et son
achèvement ont de multiples aspects qui requièrent pour exister une
longueur infinie de temps - qui va, et de loin, au-delà des quelques
millénaires que l'humanité a déjà vécu. Le processus de
civilisation agit au travers du fonctionnement de grandes sociétés
ou "touts-culture". Un tout-culture peut être défini
comme étant un champ organisé - et même 'organismique' -
d'activités humaines collectives, intégré par un sentiment de
communauté dans lequel on retrouve des traditions philosophiques,
religieuses et psychologiques et des buts communs. A l'origine, le
tout-culture est installé sur un lieu géographique spécifique,
avec un climat particulier, une faune et une flore ; il est aussi
capable de s'étendre jusqu'à inclure un grand nombre de
territoires, comme par exemple le fit le tout-culture Européen
pendant les 500 dernières années et aussi l'Islamique, pendant les
siècles précédants.
Au
cours de la vie complète d'un tout-culture, on peut remarquer
habituellement 4 périodes, au moins en théorie. La première est
dominée par une activité physique et biologique : l'établissement
sur une terre, les moyens de production, le développement d'une
'nouvelle population', etc ... C'est le temps d'un désir de vie, de
force et de dynamisme. La seconde période est marquée par la
stabilisation et la consolidation. Institutions, lois, dogmes, etc
... sont formalisées dans le but de cultiver, préserver et affiner
les valeurs acquises au cours de la période précédente. Elles
servent alors de mouture à une orientation spécifique de
comportements, de pensées et de sentiments collectifs et fournissent
un mécanisme, une façon de faire, permettant la perpétuation du
tout-culture lui-même. L'échange est la clef de la troisième
période : le commerce commence à se développer et à dominer. Il y
a échange interpersonnel et interculturel à tous les niveaux, qui
ne conduit pas seulement à une expansion de la production, mais
aussi du savoir, des désirs et des possibilités. Cette expansion
distend graduellement les vieilles moutures, qui peuvent
éventuellement perdre leur élasticité. Et elles finissent par
casser une fois que les valeurs centrales et les symboles perdent
leur caractère sacré ainsi que leurs derniers lambeaux de
crédibilité. La quatrième période commence au moment où les
sacrosaintes anciennes façons de faire liées au sacré sont de plus
en plus distordues et vulgarisées. Toutes les restrictions
intellectuelles, émotionnelles, sexuelles, comportementales et
sociales se détériorent graduellement, en même temps que le
désordre et la confusion augmentent. Alors, tout et n'importe quoi
devient possible.
En réponse à ce trouble et à cette
agitation une radicalisation du phénomène évolue doucement. Une
grande majorité de gens deviennent - à des niveaux différents -
aculturés, mais aussi dépersonnalisés : ils deviennent des unités
statistiques, des gens réduits à leur état de "votants".
Leurs vies sont de plus en plus hantées, possédées et
conditionnées par un insatiable désir d'argent, une addiction
semblable à l'alcoolisme. En conséquence de quoi ils pensent avoir
une liberté illimitée de choix, mais leur vie devient de plus en
plus vide de sens. Bien sûr, d'autres personnes comprennent
l'acquisition de la liberté tout à fait différemment. Ils
comprennent qu'elle peut servir de fondation à un changement
fondamental et ils utilisent cette liberté toute nouvelle à
transférer leur allégeance d'un tout-culture en désintégration
vers une réalité plus haute. Laquelle peut être définie de
différentes façons, mais elle correspond principalement à la
potentialité d'actualisation de l'espèce humaine considérée comme
un royaume en soi. Dans son inclusivité totale, cette potentialité
humaine pourrait être appellée Anthropos.
C'est
le but de l'évolution humaine, que d'actualiser Anthropos au travers
d'une longue série de tout-cultures dont chacun d'entre eux lègue
quelques semences qui germineront, structureront et donneront un
cadre à un nouveau tout-culture. Afin de transmettre sa fidélité à
Anthropos et à l'évolution humaine, l'homme doit faire le choix de
la semence. Par contre, sous la contrainte d'une liberté illimitée
acquise par une vie "déstructurée", la seule issue
possible est la voie de la feuille, aussi belle et colorée qu'elle
puisse être, car elle se désintègrera pour devenir humus et fera
partie de ces éléments rudimentaires à l'origine d'une vie
nouvelle. Le choix de la semence ou le choix de la feuille, c'est le
seul choix qui nous est proposé pendant la période automnale d'un
tout-culture. La voie de la semence est la voie avatarique. Le temps
de préparation à cet état est long et ardu, de façon à ce que
Anthropos et l'évolution humaine puissent opérer au travers (trans)
de l'être d'une personne : ainsi, trans + personne = transpersonnel.
Essentiellement, ceci correspond à établir une relation consciente
avec Anthropos et ensuite à devenir un aspect de lui qui a une place
et une fonction au sein d'un plus grand tout, celui de l'Etre-Terre.
Cette fonction est représentée par un quaternaire spirituel (SQT)
associé à chaque personne.
Le SQT consiste en :
-
une Qualité Spirituelle (SQL), représentant l'essence et la
substance d'une potentialité divine ;
-
un principe d'individualisation, le pouvoir intégrateur et rythmique
nécessaire aux deux pour extérioriser le SQL et centrer la
personnalité de chaque être humain ;
-
un esprit archétypique qui crée un "champ directeur" qui
donne forme au SQL et aussi une structure à chaque être ;
-
et le pouvoir universel de la divine Compassion, c'est-à-dire la
fondation et tout ce qui est nécessaire à tous les modes
d'existence.
La
voie transpersonnelle est l'effort conscient et déterminé, consacré
à accomplir la fonction représentée par ce SQT pendant l'époque
historique que nous vivons tous.
L'époque
actuelle est marquée non seulement par la détérioration lente des
touts-culture Européens et Euro-Américains, mais aussi par la
désintégration qui se profile à l'horizon de tous ceux existant :
ceux d'Asie de l'Est, du Sud, l'Islamique, ceux d'Afrique et ceux des
Indiens d'Amérique ... et bien d'autres touts-culture se trouvent
tous à différents niveaux de désintégration. De tous ces vastes
humus en formation, Rudhyar suggère qu'un nouveau tout-culture
cherche à émerger, qui serait d'envergure planétaire. Evidemment,
une telle nouvelle société globale n'apparaîtra pas spontanément,
mais pourrait être envisagée comme semée par des
"groupes-semence". Cette dernière serait composée de
personnes individualisées qui se consacreront à l'évolution de
leur personnalité et à la transformation des relations humaines -
et au-delà planétaires - afin que "tout changement naisse des
relations entre eux". Ces creusets de mutation, en accord avec
l'actualisation d'Anthropos, pourraient alors former les germes ou
les pierres de fondation d'un nouveau tout-culture. De toutes façons,
alors qu'il ne pouvait prévoir en détail ce qui devrait advenir -
qui pourrait ? - Rudhyar a quand même esquissé quelques principes
de base qui semblent pertinents pour l'ère à venir : le nouveau
tout-culture (ou société) ne serait pas homogène. Par contre, il
incluerait toutes personnes, peuples et cultures variant selon leur
localisation, comme étant les parties distinctes et significatives
de la "communauté-Terre" ; il serait basé sur l'amour et
la plénitude, plutôt que sur les principes de peur et de manque qui
prévalent aujourd'hui. La politique serait remplacée par la gestion
du pouvoir et des ressources, une gestion servant les buts du
Tout-planète "parce qu'il fait plaisir à la Terre d'être
traitée ainsi". Ce serait une société où les deux droits -
le droit d'une communauté à pousser à une productivité optimum
qui assure le bien-être de tous ses membres et le droit de la
personne à devenir un individu, centré sur sa propre identité
spirituelle - sont synthétisés, harmonisés et maintenus
opératoires. Une telle société serait soutenue par des individus
accomplis, tous totalement conscients et intérieurement libres, qui
pour leur part seraient inspirés par la société à accomplir dans
les faits chacune de leurs places et de leurs fonctions, en tant que
partie de cette nouvelle société globale. Au final, cela nourrirait
et inspirerait l'accomplissement d'Anthropos au sein de l'Etre-Terre
et au-delà, l'Etre-Terre lui-même, au sein du Tout encore plus
grand de l'Héliocosme (le tout-système solaire).
Cette
référence constante au souvenir de "Touts plus grands"
imprègne la philosophie de la Totalité opératoire. Toute
existence, de quelque taille qu'elle soit, vient à la vie comme
faisant déjà partie d'un quelconque tout plus grand. En même
temps, chaque existence est plus grande face à de plus petits touts.
Conséquemment, chaque être est à la fois un plus grand tout et un
sous-tout et il forme en lui-même une hiérarchie de touts, une
holarchie. Cependant, cette holarchie est plus une instance qui
circonscrit qu'un tout qui dirige les touts qui la constituent. Aucun
tout plus grand n'a de détermination aussi juste, inflexible et
absolue en ce qui concerne ses sous-parties. Tandis que le plus grand
Tout a un niveau de conscience et d'activité plus inclusif que ses
multiples sous-touts. A des degrés variés, un tout plus grand
structure et conditionne la vie de ses sous-touts, ainsi le dernier
affecte le travail des précédants. Cette organisation holarchique
donne à chaque être une place et une fonction à l'intérieur d'un
tout plus grand et du coup, une potentialité et un sens !
Mais
le sens recquiert une certaine qualité de conscience qui soit
humain. Tandis que tous les touts ont une sorte de conscience
appropriée à leur propre niveau d'existence, ce n'est qu'au niveau
de l'humanité que la conscience "réfléchie" est
atteinte. C'est la conscience capable de développer le sens.
Néanmoins, tout ce sens et tous ces efforts servent à accomplir le
but d'Anthropos. La compréhension de ce but va augmentant, tandis
que chaque personne accorde son sens d'existence et ses activités au
niveau du SQT qui lui est associé. Car si (et quand) une personne
s'est individualisée, alors elle ressent le SQT et aspire à ce
"grand Tout" de façon immédiate et essentielle. Personne
ne "possède", ni "a" de SQT ; au contraire,
c'est la personne qui lui appartient. Pour le dire d'une façon plus
directe : chacun de nous est responsable envers un SQT, parfois même
appellé de façon imprécise : le "grand Soi". Le SQT
représente la réponse compassionnelle à l'appel cyclique à une
expérience plus inclusive de totalité et d'existence signifiante.
Pour mettre notre conscience en accord avec cette réponse à l'appel
et la vivre dans notre vie de tous les jours, il faut emprunter la
voie de la semence, de l'avatar, le chemin joyeux de la participation
consciente et de l'accomplissement en Anthropos et en l'Etre-Terre -
c'est la voie transpersonnelle.
Ceci
nous amène à la fin d'un message trop bref et très abstrait sur la
philosophie de la Totalité opérative. Comme je n'ai pas assez
d'espace dans ce Rudhyar Tribute pour parler de tout ce dont j'aurais
envie, je prends l'option de m'en tenir au plus important : le "cycle
d'être et le mouvement de la Totalité". Mais c'est seulement
pour faire allusion à la richesse de sens, de compréhension et de
guidance qui peut être récoltée par une étude des écrits de
Rudhyar.
Alors
pour finir, je souhaite aborder la relation que l'oeuvre astrologique
de Rudhyar entretient avec la philosophie de la Totalité opérative.
Si la philosophie fournit la structure et le pourquoi, l'astrologie
donne le chemin à emprunter. Même si l'astrologie n'est pas le
chemin en elle-même, elle suggère quand même la façon dont nous
pouvons nous orienter, notre type de conscience et d'activité, pour
que nous puissions trouver notre chemin et notre champ de guidance.
Pratiquer l'astrologie de cette façon n'est pas spécialement aisé.
En fait le client initial et le plus fondamental d'un astrologue est
lui-même (ou elle-même). Par une pratique sincère et consacrée
d'abord à lui-même, l'astrologue peut éventuellement devenir
quelqu'un capable de rendre service utilement aux autres. Il n'est
même pas absolument nécessaire de travailler avec des thèmes
astologiques pour utiliser les travaux de Rudhyar. Les principes et
les idées de base sont des affaires de la plus grande importance.
Les livres d'astrologie de Rudhyar sont d'une grande aide pour
comprendre les principes cardinaux, mais "Triptyque
Astrologique" et "12 Qualities required for the Spiritual
life and their Zodiacal correspondances" - dans la partie
"Astrological insights into spiritual life" sont les plus
utiles pour pratiquer la voie transpersonnelle dans la vie
quotidienne.
En
produisant à la fois une philosophie pleine, globale et orientée
sur le futur, ainsi qu'une façon de la pratiquer, Rudhyar est entré
dans le cercle très très restreint de ceux qui en sont capables. La
plupart des philosophes ne donnent pas de façon de pratiquer leur
pensée et d'autre part, les yogis et les penseurs de la psychologie
ne produisent pas de philosophie. Pour autant que je sache, il n'y a
qu'une seule autre personne à avoir proposé cette combinaison au
20ème siècle : le grand philosophe-prophète Indien, yogi et poète,
Sri Aurobindo.
En toute circonstance, l'idéal qui donnait du
pouvoir à la vie qui était celle de Rudhyar, était celui de
l'"homme-semence". Cette vie était consacrée à la
libération d'"idées-semence" capables quant à elles, de
féconder la formation potentielle d'autres hommes et
femmes-semences. Parce que si au cours d'une période automnale,
aucune semence ne se forme ni se libère, comment peut-il y avoir
quelque nouvelle croissance au cours d'un printemps qui semble si
éloigné qu'on a peine à l'immaginer.
Réfléchir
au cours des saisons ou aux cycles peut sembler fantasmagorique à
certains et même à la plupart d'entre nous. Mais en son centre, au
coeur de ses coeurs, la semence sait ce qu'il en est ! Elle se
prépare dans des profondeurs insondables de sérénité et de foi,
tandis que les feuilles célèbrent l'automne resplendissante et
colorée, oublieuses de l'hiver à venir. En leur temps, les orages
d'automne viendront et tout de suite après les rafales glacées de
l'hiver. Et pendant ces circonstances saisonnières, la semence
attend patiemment, car elle porte en son sein vision, promesse et
confiance en le futur.
"La
semence ou la feuille ?" c'est
le message que nous donne la vie de Rudhyar "Qui
écoute - maintenant ?" "Qui
répondra ?"
Alexander
Ruperti
Astrologue Suisse - décédé le 18 janvier 1998
Dane
Rudhyar 23 mars 1895 – 13 septembre 1985
Un homme-semence
pour une nouvelle ère
Dane
Rudhyar, Musicien, Artiste, Philosophe, Poète, Astrologue, mon ami
et enseignant depuis 1936, a terminé l’œuvre de sa vie le 13
septembre 1985 et il est parti en laissant derrière lui un grand
nombre de semences qui, espérons-le, germineront dans les années à
venir.
Relativement peu d’astrologues semblent comprendre
l’importance de sa contribution à la compréhension humaine en
cette période de transition vers un monde potentiel de valeurs
nouvelles, capables de transformer radicalement notre vie sur cette
terre. Pour beaucoup d’entre eux, Rudhyar était juste un
astrologue axé sur la philosophie et la psychologie, difficile à
comprendre, mais ayant élaboré quelques techniques qu’ils ont
utilisées, tout en restant dans leur approche classique de
l’astrologie, de la vie et de l’univers …
Le message de
Rudhyar c’est que nous vivons aujourd’hui une phase de transition
importante dans le développement de l’humanité, au cours de
laquelle nous devrions apprendre à penser, ressentir et agir pour
créer notre futur commun tous ensemble. Un besoin se fait sentir
d’un nouveau mentat, c’est-à-dire d’une nouvelle façon de
penser, tandis que se fait sentir aussi le besoin de sentiments
nouveaux, détachés des valeurs exclusives de nos cultures
spécifiques, mais adaptés aux besoins et aux buts de l’humanité
en tant que tout – entendue comme un être spirituel au sein duquel
nous avons chacun des fonctions particulières à remplir. Et il y a
encore un autre besoin : agir avec la conscience du but – un but
qui ne soit pas dédié à nos désirs égotiques, mais à la
finalité de notre vie en tant que membres d’une humanité globale.
C’est ce que Rudhyar appelle « participation au Plérome ».
Selon
Rudhyar, la fonction de base de l’humanité au sein de l’évolution
entière de notre planète est la suivante : être le procédé de
transition entre un état d’être enraciné dans la biosphère et
un état suprahumain où l’unanimité consciente prévaut. L’homme
évolue pour cela d’un état tribal inconscient d’unanimité, au
travers de l’expérimentation des différences individuelles et
culturelles, à un nouvel état d’unanimité au sein duquel tous
les « Je » agissent en tant que « Nous ». Nous avons atteint un
stade où nous sommes en empathie avec nos différences
individuelles, lesquelles reflètent notre empathie avec nos
différences nationales. C’est pourquoi nos devons porter notre
attention sur la réalité qui viendra ensuite : celle où nous
aurons à travailler pour l’unification (et non la dissolution) de
nos particularités individuelles et culturelles dans un nouveau
cadre de référence où nous aurons conscience que la Terre est un
tout, un Être, au sein duquel nous avons des rôles spécifiques à
jouer.
La découverte de trois nouvelles planètes au cours
des trois derniers siècles – et la découverte probable au cours
du siècle à venir (le 21ème siècle) d’une quatrième que
Rudhyar a proposé de nommer Proserpine – est le signe et le
symbole de l’importance de cette immense transition que nous sommes
en train de vivre. En fait, rien de tel n’est arrivé dans le
passé, c’est pourquoi les valeurs traditionnelles ne peuvent
l’expliquer.
Rudhyar a utilisé l’astrologie comme moyen
d’atteindre un maximum de personnes, de même que H.P. Blavatsky
utilisait le spiritualisme pour faire la même chose. Le message de
Rudhyar n’est pas astrologique en soi. Mais l’astrologie telle
qu’il la présente peut être un excellent moyen pour permettre aux
gens de s’orienter à l’intérieur de cette période de
transition et d’assumer le processus nécessaire à la
transformation de leur vie personnelle en vie transpersonnelle. Mais
ce qui était vraiment important pour Rudhyar, c’était d’amener
les gens à changer leur vie pour qu’elle corresponde au besoin de
l’humanité en tant que tout - et d’acquérir des valeurs et un
but complètement nouveaux. Tout ceci basé sur la prise de
conscience que l’Homme peut devenir non seulement plus que ce qu’il
est, mais que c’est sa fonction que de le faire.
À cause de
la signification péjorative habituellement attribuée à la «
nature humaine », peu d’entre nous savent ce que représente être
vraiment « humain ». Être humain, c’est prendre conscience du
fait que notre dharma consiste à devenir plus qu’humain. La
réalisation totale de l’état d’être humain en tant que Soi
avec un S majuscule, conduit à la prise de conscience que ce Soi
n’est pas séparé, mais inclus dans tous les autres Soi et
constitue ce que Rudhyar appelle : l’Homme avec un H majuscule.
C’est ce que dit avec d’autres mots l’écrivain français Saint
Exupéry : « L’individu est un chemin ; mais l’Homme est le seul
qui puisse l’emprunter ». En fait, il parle de l’état «
transpersonnel », un mot très à la mode aujourd’hui, mais dont
pratiquement personne ne comprend le sens exact. Rudhyar suggère que
la naissance donne tout simplement à l’être humain la
possibilité de considérer sa vie toute entière comme un processus
de transformation. Ce qui lui permet de vivre sa vie au travers de ce
processus de transformation, consciemment ou pas, rapidement ou pas,
peu importe. Ce processus est une série de mouvements et de
changements en interrelation, qui ont une source et un but à
accomplir. Hommes ou femmes peuvent effectuer ce processus de base
qui constitue la condition humaine et le faire consciemment et
délibérément. C’est le destin humain, le dharma de l’Homme.
Les plantes et les animaux ne peuvent vivre de cette façon.
L’homme le peut, parce qu’il est libre de ne pas le faire. C’est
la liberté humaine – bien qu’elle soit relative. Le sens donné
à « nature » et « nature humaine » a beaucoup évolué au cours
du 20ème siècle. C’est une des raisons pour lesquelles
l’interprétation astrologique et l’utilisation que l’on en
fait devraient changer les procédures de compréhension classiques.
Il faudrait les faire passer du niveau où les événements matériels
ne sont pas reliés entre eux, fatalistes et vides de sens, à un
niveau où ils sont entendus comme les phases d’un processus,
reliés les uns aux les autres, nécessaires et signifiants, aussi
difficile que puisse être la rencontre avec ces événements. Un
niveau où la vie est entendue comme un processus global au travers
duquel ce qui était potentiel à la naissance peut être
actualisé.
Dans des centaines d’articles et un certain
nombre de livres, Rudhyar a tenté d’unifier la symbolique
astrologique et les découvertes les plus profondes et les plus
éclairées de la psychologie. Le résultat a été toute une série
de techniques et de réinterprétations de la tradition, permettant
de construire une pratique de l’astrologie à un nouveau niveau
d’interprétation plus en phase avec la qualité de compréhension
humaine de son époque. Ces techniques nouvelles sont basées sur la
connaissance du déploiement structurel de processus tels que celui
du cycle de la lunaison, du cycle de lunaison progressée (directe et
converse), de l’interprétation des aspects comme phases de cycles.
Le but de la consultation astrologique est de révéler la
signification d’un thème, plutôt que de prédire des événements.
Ainsi, l’interprétation du thème natal, plutôt que d’établir
objectivement le caractère d’une personne, devient un éclairage
sur ce qui devrait être accompli par cette personne pour devenir ce
qu’elle est potentiellement. Toutes les différences individuelles
viennent de l’utilisation que fait chacun d’entre nous de sa
nature humaine et du but que nous nous sommes fixé. Selon nos choix
en la matière, nous pouvons nous adapter à nos rythmes biologiques,
à nos valeurs socioculturelles, à nos buts individuels et aux
nécessités transpersonnelles qui sont les nôtres. Et ce n’est
pas le thème natal qui peut nous le dire. Tout dépend du niveau
auquel chacun d’entre nous est capable de fonctionner – et il est
possible de fonctionner à quatre niveaux au cours d’une vie ... Ce
qui veut dire que les significations données aux planètes et aux
signes ne peuvent pas être statiques. Tous les facteurs
astrologiques peuvent être interprétés aux quatre niveaux et
peuvent être positifs et négatifs selon l’utilisation que l’on
en fait. Évidemment, dans l’absolu, rien n’est positif ou
négatif et rien n’est déterminé depuis la naissance. La
naissance est le début d’un processus dynamique qui devrait être
vécu en conscience et tourné vers sa finalité. Astrologiquement
cela veut dire voir le thème natal, ses progressions et ses
transits, comme le moyen d’agir toujours au bon moment et de la
façon la mieux adaptée, afin de faire de toute potentialité une
réalité. Et cette potentialité ne consiste pas seulement à
devenir une personne « meilleure » ou plus puissante en termes
socioculturels. Il s’agit du développement de la personnalité en
tant que moyen d’accomplir sa finalité, c’est-à-dire sa
condition suprahumaine.
Le besoin de se sentir en sécurité
en voyant de l’ordre dans l’existence est le besoin basique de
l’homme. Au travers de l’histoire et à différents niveaux,
l’astrologie a tenté de répondre à ce besoin. Ca fait un certain
nombre de siècles que la perception de l’astrologie en matière
d’ordre céleste est à la base de toute culture, religion et
science. Mais il n’existe pas d’astrologie avec un A majuscule. À
chaque époque, l’astrologie du moment était une réflexion sur le
genre d’ordre que chaque culture voyait dans les mouvements
célestes, du type de relations que la culture formulait entre le
ciel et la terre. Aujourd’hui, selon le nouveau type d’ordre
envisagé par l’astro-physique, l’interprétation de tous les
champs de force de l’univers est vue comme des touts à l’intérieur
d’autres touts et nous pouvons dire que notre sécurité nous la
devons à la réalisation de tout ce qui a ordonné et organisé le
système solaire (le plus grand tout pour la terre) et les mouvements
des planètes, qui mettent en ordre le processus d’existence sur
terre. Il n’est donc plus besoin d’utiliser les théories sur les
influences planétaires ou sur les énergies pour justifier
l’astrologie. Nos perceptions culturelles de l’ordre céleste –
le système solaire – est pour nous le symbole d’un plus grand
tout dans lequel nous « vivons et nous mouvons et où se trouve
notre vie ».
Les signes du Zodiaque, les Maisons, les
planètes, les aspects, sont tous des symboles dérivés des faits de
notre culture astronomique sur les mouvements célestes. Il y a des
moyens pour comprendre comment notre terre et tout ce qui y vit, agit
en relation avec le grand tout (système solaire), dont les rythmes
sont synchrones avec le processus cyclique discernable dans les
collectivités humaines et dans les vies des personnes individuelles.
Nous ne sommes pas influencés par le système solaire. Il existe un
plus grand tout – la galaxie - dont le système solaire est une
partie. L’astronomie moderne ne peut plus aller plus loin dans sa
vision holarchique de l’univers, mais à chaque niveau, c’est le
grand tout qui nous permet de comprendre les principes de base et les
activités fonctionnelles qui opèrent partout selon des rythmes
analogues ou en correspondance. Les rythmes discernables au niveau du
système solaire avec ses planètes sont identiques aux rythmes
discernables dans la vie sur terre. Nous interprétons ce fait en
disant que les planètes « symbolisent » cela sur terre et dans les
êtres humains.
Chaque planète, la terre incluse, a une
fonction définie à réaliser au sein du plus grand tout qu’est
notre système solaire. Chaque être humain a une fonction à
réaliser au sein du plus grand tout qu’est l’humanité.
L’humanité a une fonction à remplir au sein du destin de notre
terre. Notre job en tant qu’êtres humains est de prendre
conscience de ces différentes fonctions et d’agir en accord avec
elles. C’est pourquoi l’astrologie peut être une forme très
pratique d’« occultisme » permettant à chacun d’entre nous de
vivre en accord avec le véritable but de notre existence sur cette
planète. L’astrologie de Rudhyar est adaptée à ce propos et à
ceux d’entre nous qui le souhaitent et sont capables, au niveau de
l’évolution humaine où ils se trouvent, de transformer les désirs
de notre ego en volonté de vivre pour notre finalité.
Le
thème de naissance n’est pas une possession personnelle décrivant
ce que nous sommes et comment nous nous différencions des autres.
C’est un instantané de l’univers au moment où nous sommes nés,
vu de l’endroit où nous sommes nés. C’est pourquoi il symbolise
le besoin du plus grand tout auquel nous pouvons donner une réponse.
Il nous dit pourquoi nous sommes nés. Les progressions et les
transits nous montrent quand et à quelles conditions nous pouvons
actualiser progressivement les qualités d’être et d'agir
nécessaires à combler le besoin pour lequel nous sommes nés. Quand
nous avons des problèmes et que nous nous rendons chez un
astrologue, la dernière chose à faire selon Rudhyar, est d’évoquer
la signification d’une situation qui serait en relation avec le but
potentiel de notre vie. Cette signification est révélée par les
phases du processus cyclique qui commence le jour de notre naissance
et que nous sommes toujours en train de traverser. Les phases des
différents cycles sont éclairées par les progressions et les
transits et ce sont eux qui nous révèlent ce qu’il faudrait faire
à un moment donné, si nous le souhaitons. Je dis bien « faudrait »
pour marquer la différence qui existe entre les différents niveaux
et les différentes personnes. Il n’y a effectivement jamais un
seul niveau et une seule interprétation à donner au « faudrait ».
L’astrologue doit être assez sage pour utiliser son ressenti, son
intuition et sa raison pour se mettre en phase avec le niveau où la
personne peut agir positivement, sans utiliser ses valeurs
personnelles dans son aptitude à juger de la situation. Tant qu’une
personne n’est capable de vivre que sur des bases égocentriques et
sur des lignes socioculturelles qui lui conviennent, l’astrologue
ne doit évoquer que ce niveau. C’est ce que fait l’astrologue
classique, parce que lui-même vit à ce niveau-là. De toute façon,
il ne devrait même pas donner son interprétation de la situation où
se trouve son client, si c’est pour lui faire comprendre qu’il
n’a pas d’alternative, ou que ce sont les étoiles qui font
advenir les choses. Il devrait toujours donner des suggestions en
laissant son client psychologiquement libre de les accepter ou de les
rejeter.
En 1980, Rudhyar a proposé une interprétation
transpersonnelle du thème natal, des progressions et des transits.
Cette approche nouvelle est analogue à celle de la de la psychologie
transpersonnelle, mais en fait elle va plus loin dans ses
implications. Nous avons déjà parlé du transpersonnel comme étant
le pas au-delà de l’individualisme et le niveau d’être où
l’individu devient conscient de la fonction qu’il a au sein du
plus grand tout. C’est pourquoi être transpersonnel c’est
laisser le but du plus grand tout se manifester au travers de soi. Ce
qui entraîne un processus de transformation et de transcendance.
Pour cette raison, interpréter un thème natal, des progressions et
des transits à ce niveau, veut dire que tout élément astrologique
doit être considéré comme moyen de transformation de l’inertie
du passé, des habitudes sociales et mentales que nous avons tendance
à répéter – même si nous le faisons de façon superficielle.
Une interprétation transpersonnelle dira comment utiliser toute
circonstance, événement, tension, crises, pour maîtriser l’inertie
du passé ; elle cherche aussi à évoquer la relation verticale
possible entre une personne (un plus petit tout) et un grand tout –
en un sens, l’humanité et la planète Terre, dans un autre, la
Qualité spirituelle et le Champ de l’Âme qui représente notre
véritable identité.
D’autre part, l’astrologie
transpersonnelle permet de savoir comment, dans un cas particulier,
la personne peut transmuter le karma en dharma. La lecture du thème
natal orientée sur le caractère de l’être humain, avec ses
forces et ses faiblesses, permet d’apprécier les conditionnements
et le karma de cet être. Comme je viens de le dire, le karma
représente toujours la somme du passé, à n’importe quel niveau,
les résultats des actions mal accomplies ou laissées de côté.
L’astrologie de Rudhyar interprète le karma sur quatre niveaux ;
c’est l’inertie du passé qui émerge sous la forme de schémas
et de courants d’énergie – en termes d’origines ancestrales et
génétiques pour le niveau biologique – en termes de passé de la
société et de la culture auxquelles on appartient pour le niveau
socioculturel – en termes de décisions et d’actions ou de manque
de décisions passées pour le niveau individuel – en termes de
succès ou d’échecs relatifs d’une des personnalités
précédentes en relation avec la qualité spirituelle et le champ de
l’âme pour le niveau transindividuel.
Le dharma représente
ce pour quoi nous sommes nés, le potentiel de signification et de
finalité que le plus grand tout (l’humanité ou le Champ de l’Âme)
a investi sur notre naissance. C’est ce que nous pourrions faire
pour l’humanité considérée comme une entité spirituelle dont
nous faisons partie et aussi ce que l’humanité nous aidera à
faire, si nous laissons l’humanité nous aider. L’inertie du
karma, cependant, tend généralement vers une répétition de vieux
schémas, vieilles valeurs et façons de faire traditionnelles.
L’action du dharma sur le karma est la raison de nos multiples
crises, au moment où nous atteignons un certain niveau d’évolution.
Le dharma nous met constamment au défi d’arrêter d’agir comme
une créature du passé et de devenir, en même temps que les autres
« véritables » individus, créateur du futur. A des niveaux
strictement personnels, le défi est de travailler à devenir un
agent focalisateur au travers duquel l’humanité (le Champ de
l’Âme) puisse réaliser une finalité particulière.
Pour
Rudhyar, Uranus, Neptune et Pluton représentent les trois pas ou
étapes sur le chemin transpersonnel. Uranus se réfère à quelque
forme de crise sur le niveau mental qui cherche à ouvrir notre
conscience à des cadres de référence plus larges, au travers
d’idées nouvelles. Neptune introduit un processus de
déconditionnement en nous obligeant à être vraiment objectifs sur
ce passé qui a conditionné tout particulièrement nos sentiments.
Pluton introduit un phénomène de catharsis et tente de nous pousser
à agir selon la dimension plus vaste révélée par Uranus et
Neptune. Il est évident que, aussi longtemps que nous limiterons nos
vies aux valeurs socioculturelles acceptées par notre société, ces
trois nouvelles planètes seront entendues comme ce que l’astrologie
classique appelle « maléfiques ». Cependant, si nous avons acquis
une perspective historique grâce à l’étude magnifique de Rudhyar
sur les cycles plus longs des planètes qui se réfèrent aux
changements et aux transformations collectives, alors nous pouvons
prendre conscience que ces cycles nous aident à comprendre le but
actuel du plus grand tout (l’humanité et la terre) qui conditionne
inévitablement nos buts personnels à n’importe quel moment de
l’Histoire. C’est parce que nous tendons à vivre et à agir
uniquement en termes de désirs et de buts personnels, que nous
trouvons la vie si difficile (les désirs et les buts nationaux en
sont l’équivalent collectif). Les comportements personnels et
nationaux devraient être vécus pour les besoins de l’humanité.
Parce que l’humanité est dans une phase de transition, en tant
qu’individus, nous devrions comprendre que nous sommes aussi en
phase de transition. Nous ne serions pas nés maintenant, si nous
n’étions pas des individus potentiellement capables d’aider
l’humanité à prendre les bonnes décisions dans cette période
cruciale. Toute personne bloquée par l’inertie de la peur, échoue
à s’aligner sur la possibilité de créer ensemble un futur
nouveau et cet individu ou cette nation se transforme alors en mal,
en ennemi de l’humanité.
La science nous a donné une
perspective globale qui n’existait pas dans le passé, excepté
pour quelques rares individus. Les principes occultes et ésotériques
ne sont plus depuis longtemps, ni occultes, ni ésotériques. Ils
sont disponibles à qui veut les consulter, grâce à des traductions
qui ont permis l’interpénétration de toutes les valeurs
culturelles, quelle que soit leur source. Ce sont ces principes qui
se trouvent en arrière de toutes les cultures, toutes les religions
et les philosophies et pour la première fois, ils permettent à tout
un chacun, n’importe où, de donner structure, objectivité et
clarté à la compréhension du processus d’évolution qui gouverne
l’univers. Pour Rudhyar cependant, la seule chose vraiment
essentielle dont nous avons besoin pour la transformation du
collectif et de l’individu c’est le développement d’un nouveau
mentat, d’une mentalité nouvelle capable de rencontrer le futur,
parce que libérée des fantômes du passé. Nous sommes tous encore
bient trop conditionnés par notre culture, par ses paradigmes, par
ses symboles et ses images, dans tout ce que nous pensons, ressentons
et faisons. Aussi, nous avons trop tendance à penser que pour
devenir des individus libres et authentiques, nous devrions
substituer les valeurs d’une culture étrangère aux nôtres,
puisqu’il est à la mode de suivre les préceptes Hindous,
Bouddhistes et Zen …
La chose la plus importante est de
savoir où nous en sommes maintenant et d’accepter la proposition
de Rudhyar comme un nouveau départ. Quand on sait où on en est,
alors on peut se mettre en mouvement. Pour Rudhyar, l’essentiel,
bien plus que de changer de place, est de se préparer à se mettre
en mouvement et de passer au travers de tout ce que la vie nous
présente. Nous luttons sans cesse contre des tas de choses, nous
tentons de nous discipliner et de réussir. Mais la croissance en
conscience ne peut advenir que par l’expérience des opposés. Être
conscient c’est être capable de « passer au travers », dit
Rudhyar. La conscience naît de l’expérience du passage …
Ayant
expérimenté le plein, l’homme est maintenant gavé de ce champ
d’expérience parce qu’il a acquis la conscience de lui-même,
l’expérimentateur … La victoire est un passage elle aussi, on ne
peut pas la rejeter. On ne peut pas non plus rejeter la nature avant
l’expérience ; on ne peut pas la fuir, ni l’éviter, même si on
a très peur. Pour l’homme, la seule solution de cette compétition
avec la nature est de la traverser, puis d’émerger de
l’expérience, afin de continuer sur chemin vers une plénitude
d’être totale.
J’espère que ces quelques pages
pourront aider les lecteurs à avoir une meilleure perspective sur
Rudhyar et sa contribution à l’astrologie. J’ai été en contact
avec lui depuis la publication de « L’Astrologie de la
Personnalité » en 1936. Il a immensément enrichi ma vie et ma
compréhension. J’espère que d’autres que moi seront autant
inspirés par les livres qu’il nous a laissés et ressentiront la
nécessité de vivre plus pleinement en accord avec leur thème
natal, consciemment et volontairement
afin
qu’ils trouvent et empruntent la voie transpersonnelle
et
qu’ils deviennent des agents dignes de l’Homme
dont seul
le destin global donne du sens à nos vies personnelles.
Ann
Kreilkamp – astrologue américaine
Site
: http://www.celestialnavigations.net
(en
anglais bien sûr, mais pour moi une jolie découverte que ce site
d’Ann Kreilkamp, en page d’accueil duquel on peut lire : Ce
site s’adresse à tous ceux qui, sachant que notre espèce est en
voie d’extinction et que le processus ne s’inverse pas, devraient
chercher à transformer la connaissance en sagesse, l’hostilité en
harmonie et la violence en compassion).
LUDWIG
WITTGENSTEIN, DANE RUDHYAR ET MOI
Comme
beaucoup d’autres, je me suis convertie à l’astrologie et comme
eux, je suis entrée dans ce monde sacré par la porte que Dane
Rudhyar a ouverte. Jusque-là, je ne connaissais les Signes que par
les horoscopes dans les journaux, je n’avais eu accès qu’à des
manuels d’astrologie décrivant ce qu’est une planète, un Signe,
une Maison, un aspect et la signification de leurs innombrables
combinaisons possibles, je ne connaissais que des astrologues
victoriens fatalistes ou des vieilles dames qui faisaient de la
divination dans les boules de cristal et je n’imaginais pas
vraiment être capable de supporter la mort et la renaissance
douloureuse et vivifiante de la psyché, nécessaire pour entrer
pleinement dans le royaume de l’astrologie.
Mon
histoire, comme beaucoup d’autres histoires, est longue et
compliquée. Le processus de mort fut long et douloureux – même
s’il n’est pas complètement terminé et que chaque jour, j’ai
la surprise de devoir encore « mourir » à des traces de ma psyché
encore reliées à mon passé. Quant à la renaissance, c’est un
processus qui est encore en cours, une spirale sans fin qui revient
sans cesse à son origine. Ca m’a pris du temps pour comprendre que
mon processus interne est de type évolutif – et pas seulement
cyclique, c’est-à-dire un retour éternel à la même chose – ce
qui veut dire que je suis capable de supporter l’intensité
montante de la douleur et du plaisir mélangés, tout en me détachant
des deux de plus en plus.
J’ai
découvert Rudhyar – et l’astrologie – en 1973, au début de
mon deuxième cycle de Saturne. Pendant le premier cycle (Saturne en
Gémeaux) je ne faisais que tenter de m’accorder à la culture dans
laquelle je vivais et à sa bonne vieille philosophie – et je n’y
arrivais pas. En même temps, j’essayais aussi de trouver la vérité
de la réalité de la vie. Cependant, avant la fin de ce cycle, j’ai
compris que j’avais eu les yeux bandés tout au long de ma vie,
alors j’ai pu trouver le courage d’enlever ce bandeau et de le
jeter. Et mon histoire est l’illustration typique de cette ancienne
phrase : « L’ontologie résume la phylogénie ». Dans mon propre
processus d’évolution, j’ai résumé l’histoire de l’esprit
occidental depuis le début de la révolution scientifique – et
puis, merci à Rudhyar, j’ai bondi au-delà.
Depuis
toujours j’ai été chercheuse, avide de Vérité (Soleil et
Ascendant Sagittaire). J’étais aussi têtue, obstinée,
m’accrochant le plus longtemps possible à toute version de la «
vérité » (Lune en Taureau) qui semblait me convenir. Et c’est
juste avant les premières années de ma vingtaine que j’ai lâché
le Catholicisme Romain de mon enfance – et que j’ai eu besoin
aussi de le remplacer immédiatement. Le seul candidat possible à la
Vérité dans le monde de mon expérience limitée ne fut pas
religieux mais séculier : ce fut la science. Je me suis tournée
vers la science comme substitut à la religion. Je voulais trouver la
vérité dans la science, La Vérité dans la science. Je
voulais voir la Science comme Dieu, la Science comme Certitude, comme
la seule voie possible pour ancrer mes pieds en terre (Mercure et
Vénus en Capricorne, Saturne et Uranus en Gémeaux). Depuis mon
échec avec la religion, j’avais besoin que la science soit pour
moi une nouvelle couverture de sécurité. Je souhaitais l’enrouler
autour de moi pour qu’elle me tienne à l’abri du vide.
J’étais
donc dans cet état d’esprit inconscient en 1966, quand, à 23 ans,
je suis entrée dans un cursus de doctorat sur la philosophie de la
science à l’Université de Boston. Je souhaitais trouver la
Certitude dans la Connaissance. En cela, j’étais différente des
autres étudiants, car la plupart d’entre eux semblaient satisfaits
de discuter de détails, de tout et de rien. Je me sentais très
seule dans cette université et vraiment agacée que les autres ne
soient pas aussi motivés que moi. Alors je suis entrée en moi et je
me suis demandé ce qui n’allait pas chez moi. Pourquoi je ne
pouvais pas prendre les questions philosophiques à la légère ?
Pourquoi je ne pouvais pas m’amuser avec les autres étudiants ?
Pourquoi ne pas me contenter de les impressionner avec mes
questionnements ?
Le
temps passant et les années aussi, j’ai pris conscience de ce qui
ressemblait à une vision extraordinaire, quelque chose qui, je le
crains - même maintenant - n’est perceptible que par très peu de
personnes qui se questionnent sur elles-mêmes comme je l’ai fait à
l’époque ; ma recherche de certitude intellectuelle ne faisait que
cacher ce dont j’avais réellement besoin : de sécurité
émotionnelle. Cette vision, cette perception, était profonde. Et
elle a retourné mon monde de fond en comble. Ce qui avait été
retenu à l’arrière-plan poussait inexorablement pour venir au
premier plan. La structure de la connaissance et la façon dont elle
s’ancrait en moi n’était plus linéaire : j’apprenais à «
lire entre les lignes » de la linéarité, à sentir la présence
des espaces entre les lignes, espaces dont d’autres soit
ignoraient, soit assumaient a priori qu’ils soient ancrés là. À
la limite, je ne savais même pas s’ils en avaient connaissance et
même conscience : jusqu’à quel point étaient-ils conscients de
leurs postulats ?
Alors,
je me suis sentie encore plus seule. Pas seulement parce que je
n’avais personne à qui en parler, mais parce rien ne m’aidait à
mettre en mots mes questions. Mes questions étaient
pré-linguistiques ; elles existaient dans une zone limite nébuleuse,
là où la pensée et le langage se dissolvent dans les abysses de
l’inconscient. J’apprenais à comprendre l’édifice de la
connaissance tout entier et ses nécessités en tant qu’objet
linguistique, lui-même situé au-delà de l’espace culturel.
Je voyais la structure de cet objet, je voyais comment il était
suspendu, plutôt qu’ancré. J’apprenais que le fait que quelque
chose soit ancré ne lui donne pas pour autant de signification, que
tout ce que nous pensons savoir n’est qu’une particule de
poussière flottant dans l’espace infini.
Mais
j’allais au-delà de moi. En fait, arrivée à ce point je ne
souhaitais pas encore reconnaître cette façon de comprendre la
connaissance. Plutôt, depuis que j’avais senti le sol se dérober
sous mes pas, j’essayais juste désespérément d’éviter la
chute libre dans le vide qui venait de s’ouvrir – au sens que
nous connaissons tous parfaitement, celui que nous appelons «
souffler sur le plexus solaire », c’est-à-dire ce moment où une
sorte de goutte d’émotion s’enfonce dans l’estomac et
multiplie par deux la souffrance émotionnelle. Je commençais à
comprendre les problèmes philosophiques d’un point de vue
psychologique et subjectif. Ce que les philosophes académiques
appelaient « le problème corps/esprit » était devenu personnel ;
c’était devenu « mon » problème. Je savais que c’était mon
problème et je savais que ce problème était sérieux : je savais
que je l’avais, mais en même temps, je ne me permettais pas de le
ressentir réellement.
Dans
la philosophie académique de cette époque, il y existait un espace
où l’esprit et le corps étaient supposés se rencontrer. En
jargon académique, on nomme cet endroit « sensation (perception) »,
qui se réfère en fait à ce qu’on pourrait appeler la « donnée
toute crue » de l’expérience corporelle. La Vérité
m’intéressait pour approcher ne serait-ce que le premier palier de
l’échelle menant à cette Vérité, et pour faire ça, on était
supposé aller à la source un peu blessante de la perception de «
donnée toute crue ». La seule autre alternative semblait être
celle de Descartes, qui postulait l’existence d’ « idées innées
(de naissance) » qui, disait-il, ne pouvaient être Vraies que parce
que « Dieu était parfait, et Dieu ne me mentirait pas ». Ce
raisonnement peut paraître suranné à nos oreilles, mais l’est-il
vraiment ? Les astrologues et autres gens « new age » parlent
régulièrement de choses similaires – habituellement des Uraniens
– d’idées qui sont dans l’air et frappent ceux qui sont
réceptifs et qui savent, intuitivement, qu’elles sont vraies. Mais
des Idées Innées, ou l’Intuition, comme source de Vérité,
Vérité scientifique ?
Mon
mentor était un logicien positiviste pur et dur. Avec une majorité
d’universitaires de l’époque (et même encore de maintenant), il
croyait aussi que la source de la « vérité » se trouvait dans la
sensation, ou dans une « donnée signifiante », c’est-à-dire ce
qui est sensé être identifiable et définissable par les parcelles
et les morceaux de goût, de toucher, de vision, d’odeur et
d’écoute qui constituent le monde de l’expérience humaine.
Pourtant, mon professeur n’était pas ordinaire. Il savait que
toute soi-disant vérité que nous nous arrangeons pour extraire de
données par ailleurs signifiantes ne pouvait être que triviale, peu
digne d’intérêt. Tout ça il le savait, il savait que faire cela
ne valait rien, mais il savait aussi qu’on ne pouvait pas en sortir
et que ça ne menait à rien. Il était dans une impasse. En fait,
quand on utilise la distinction entre cerveau droit et cerveau
gauche, on se rend compte que pour lui, il n’y avait que le cerveau
gauche qui existait. Un cerveau gauche sans cerveau droit ne produit
que des parcelles de données vides de sens. C’est pourquoi pour
lui, la vie était vide de sens. Mon mentor était un personnage
tragique, qui croyait à des choses sans signification, qui le savait
et qui haïssait de le savoir. Il aurait mieux fait de se mettre à
chercher la Vérité, lui aussi. Mais il ne pouvait pas. Sa
méthodologie ne le lui aurait pas permis.
Pour
moi, il représentait les murs d’une cage contre laquelle je me
cognais la tête. C’était mon destin de le rencontrer : son
cynisme représentait ce que j’étais moi-même capable de
rechercher, quitte à y rester coincée. Et c’est une sorte de
vision qui lui a fait me dire, peu après notre rencontre, en mots
qui, par contre, jaillissaient directement de son cerveau droit –
même s’il ne les a jamais reconnus par la suite : « Tu dois aller
plus loin que moi. Tu dois monter sur mes épaules. » Ce fut notre
première confrontation directe. J’étais terrorisée et en plus à
ce moment-là, il était physiquement très proche de moi. En fait,
s’il m’avait demandé si je voulais être comme lui, je lui
aurais répondu que oui, pleine d’adoration que j’étais pour lui
à l’époque. Et il m’aurait crié que j’avais tort. Que je
devais aller plus loin que lui …
Entrée
en scène de Ludwig Wittgenstein, et puis grâce à Wittgenstein,
quelques années plus tard, de Dane Rudhyar ; on peut être surpris
que ce soit grâce à lui et que je mette les deux sur le même plan.
Pour ceux qui ne le connaissent pas bien, laissez-moi vous le
présenter. C’est un philosophe australien contemporain de Rudhyar,
les deux portant la signature générationnelle de la plus récente
conjonction Neptune-Pluton. Wittgenstein est né en 1889, six ans
plus tôt que Rudhyar, et avant que la conjonction soit exacte.
C’était un personnage mystérieux, qui quittait régulièrement
l’université parce qu’il se sentait plus à l’aise comme
jardinier d’un monastère que comme professeur à Cambridge. Malgré
sa carrière compliquée, Wittgenstein fascinait. C’était une
figure légendaire dans les cercles philosophiques universitaires de
son époque et il fut crédité d’être seul à l’origine des
deux écoles philosophiques de pensée qui dominèrent le 20ème
siècle – la logique positiviste et l’analyse linguistique –
que d’ailleurs il avait répudiées toutes les deux ! Depuis sa
mort en 1951, son influence – quoi qu’obscure et ésotérique –
a dépassé largement le cadre de la philosophie. Ses aphorismes sont
cités par bien des penseurs dans bien des champs, bien que ce qu’il
a voulu dire vraiment ne soit encore qu’affaire
d’interprétation.
Ma
propre lecture de son œuvre, faite pour une dissertation de
doctorat, est inhabituelle et pas plus probante que celle des autres.
J’ai commencé à le lire au moment du transit de Neptune sur Mars
Sagittaire en Maison XII, opposé Uranus natal en Gémeaux. À
l’époque, j’ai eu l’impression très forte que ma psyché
avait littéralement sauté en lui, que nous étions « un » et que
ce n’était même pas la peine d’en parler : je le comprenais.
Même si je ne comprenais rien à ses idées cryptiques et encore
moins à ses pleurs assourdissants de douleur. Wittgenstein faisait
le pont entre mon mentor et Rudhyar. Alors que mon professeur était
enfermé dans son cerveau gauche, sans moyen d’en sortir (malgré
son statut tragique), Wittgenstein avait franchi le pas suivant :
contre sa volonté, il avait repoussé les limites et resté coincé
à l’extérieur du cerveau gauche, s’y accrochant, il désespérait
de pouvoir y retourner. Au-delà, il y avait le vide infini du
cerveau droit, les cieux étoilés au-dessus et il leur tournait le
dos, effrayé. Si mon mentor était un personnage tragique,
Wittgenstein l’était doublement. J’étais attirée par les
personnages tragiques et déterminée à ne pas en devenir un. Après
seulement quelques années d’université, j’accomplissais déjà
la prophétie de mon professeur en allant au-delà de lui. Il m’avait
dit de ne jamais lire Wittgenstein, parce qu’il le trouvait «
confus » et d’ailleurs, avait-il soupiré, c’était un
schizophrène sub-clinique. Malgré l’avertissement, j’avais
finalement lu Wittgenstein et comme beaucoup d’autres, il m’avait
complètement enchantée. Je trouvais son travail authentique, mais
je ne savais quand même pas ce qu’il signifiait.
Quoi
? Qu’est-ce que j’ai dit ? Impossible. Voilà ce que j’ai dit.
Ce fut mon premier commentaire intuitif (cerveau droit), la première
expression complètement imprévue. Je me demandais comment j’avais
pu dire ça. Parce que dans la logique positiviste, il fallait que
l’on commence par savoir ce que quelque chose signifiait avant de
déterminer si c’était vrai ou faux (idéalement grâce à un test
ou une expérimentation scientifique). J’avais été entraînée à
ça par mon professeur, cependant, cet entraînement n’a rien
d’exceptionnel, puisque la logique positiviste est une reproduction
(scientifique) du sens commun. Alors dire qu’on peut savoir que
quelque chose est vrai, sans savoir ce que cette chose signifie,
c’est un « non sens », puisque le cadre scientifique est sensé
fabriquer du sens. Ça « ne fait pas sens ». Et pourtant, ça
faisait sens. Ce que j’avais dit et que je savais être vrai.
Pourtant, je ne savais pas ce que ça signifiait …
J’ai
continué à lire Wittgenstein. Je ne pouvais pas m’arrêter.
C’était comme si j’étais possédée. Mon obsession pour
Wittgenstein était une projection, un repoussoir à mon éventuelle
transformation. En m’accrochant à lui j’étais en train mettre à
jour toutes les hypothèses restées à l’arrière plan et qui
tenaient toutes mes autres croyances en place. Ce qui était resté
enfoui était en train de remonter à la surface. Le cadre
scientifique de mon sens commun se fissurait, s’écroulait. Les
frontières que j’avais mises entre le monde et moi, ma psyché et
celle de Wittgenstein, se dissolvaient. En même temps je découvrais
un autre sens commun, et il s’agissait là de "sentir en
commun". Cette perception est totalement différente de ce qu’on
appelle scientifiquement le « sens commun », où n’avons aucun
sens en commun, mais plutôt où nous sommes enfermés dans nos
mondes personnels au sein desquels nous recevons des informations
individuelles, grâce aux cinq sens extérieurs. L’aliénation de
la société occidentale n’est plus un mystère, quand nous
découvrons que même les fondements de notre philosophie
conditionnent notre vie de tous les jours, nous laissant séparés,
isolés et seuls. Wittgenstein le philosophe ressentait cette
solitude de façon aigue. Sa question : « comment pouvons-nous
savoir qu’une autre personne souffre ? » prend des allures
étranges sous cet éclairage. Il me semble que les
questionnements de Wittgenstein peuvent aussi être entendus comme
des appels au secours déguisés, mais assourdissants.
Wittgenstein
n’était pas le seul à avoir besoin d’aide. Ma lecture continue
de ses écrits était en train de me changer. Rapidement, je me suis
sentie aussi perdue qu’il avait pu l’admettre lui-même ; ce que
d’autres, par exemple ses disciples, reniaient complètement,
tandis que d’autres encore, le critiquaient et le condamnaient sur
la base de citations de ses écrits. Je ne pouvais pas m’arrêter
de le lire. J’avais l’impression que mes yeux étaient collés
sur les pages de ses livres. Son œuvre me paraissait ronde, comme
une grossesse qui n’arrivait jamais à terme. Comme un volcan qui
implosait en silence. En captant sa passion enfouie, la mienne
grandissait. J’ai dit à mon professeur : « Et alors, peu importe
s’il est confus. Je préfère une confusion fertile à une clarté
stérile ». Cela le rendit muet. Il me regardait, hagard et effrayé.
Quelque chose m’arrivait. Je devenais étrange. Les murs de la cage
s’étaient dissous après avoir rapetissé. Je me délayais dans le
vide, sans pouvoir ni passer au travers, ni en sortir. En y
réfléchissant, je pense que je donnais l’impression que je
faisais une dépression, mais moi je savais, même à ce moment-là,
que ce par quoi je passais avait un caractère sacré. Que ce voyage
dans l’au-delà était une initiation sacrée. Je vivais mes pires
peurs. Il n’y avait plus de sol pour porter mes pas, aucune
certitude, aucune sécurité. A la place, des vagues et des lumières,
des perceptions choquantes, des frissons montant et descendant en des
royaumes dont je n’avais pas connaissance avec mon cerveau
rationnel et que donc je ne pouvais pas décrire, puisque je pouvais
pas même m’en souvenir ensuite. J’avais faim d’en découvrir
plus. Je naviguais dans l’univers en m’accordant aux vents
solaires. Mais je ne le savais pas. Je n’avais pas de carte pour le
voyage et pas de guide non plus.
Entrée
en scène de Rudhyar. Non que je n’aie jamais voulu lire ses
livres, ou devenir astrologue, ou même que j’y ai jamais pensé.
J’étais philosophe, pas charlatan ! Tout ce que je connaissais,
c’était la version populaire de l’astrologie, le voile dont
notre culture scientifique avait recouvert le langage suprême le
plus ancien. J’avais tordu le cou aux repères scientifiques du
cerveau gauche, et pourtant je regardais encore le monde par les yeux
de la science, évitant encore ce que je pensais être une
superstition stupide. Rudhyar est entré dans ma vie au moment où,
malgré un préjugé persistant, j’étais à nouveau ouverte – et
donc vulnérable – et réceptive à la nouveauté. Depuis toujours
j’étais chercheuse et là, ma recherche me conduisait dans une
direction que je n’avais pas anticipée. Une amie a monté mon
thème astrologique et à ma grande surprise je me suis entendue lui
demander : « Est-ce une carte ? Est-ce vraiment une carte ? Est-ce
qu’elle peut m’aider à « voir » ? Me permettra-t-elle de
continuer à avancer ? » Quand je lui ai demandé comment se lisait
le thème, elle m’a mis en main « L’Astrologie de la
Personnalité ». Je date ma résurrection du moment où j’ai pris
ce livre. À partir de là, ce qui avait été vécu comme des trucs
terribles, l’incertitude dans laquelle me plongeait le fait de
n’avoir pas de fondation intellectuelle, tout ça devenait magique,
ça devenait un jeu continuel de l’esprit en transformation, avec
ses propres extensions imaginatives. Cette transformation permettait
au problème de la certitude dans la connaissance de se dissoudre,
plutôt que d’être résolu – avec une dimension plus large.
J’avais tout fait pour découvrir la certitude, et à la place,
j’étais tombée dans le vide. Le vide où vivait Rudhyar. Le
terrible devint joie, tandis que j’apprenais à vivre dans
l’instant créatif, cet espace infiniment fertile qui soutient et
enrichit les transformations continuelles de la forme. L’espace :
présence électrique et vivante, le moyen magique de
l’émergence.
Rudhyar était musicien, c’était un
compositeur ; il n’avait pas besoin de certitude intellectuelle. La
musique ne laisse pas de place à l’immobilité, elle n’est que
changement, c’est le jeu perpétuel du contrepoint d’harmonies en
mouvement. Les écrits de Rudhyar en astrologie reflétaient sa
sensibilité musicale ; ils n’étaient pas écrits du point de vue
d’un cerveau gauche. Rudhyar était à l’intérieur de ce dont il
parlait, il ne s’intéressait qu’à la conscience voyageant au
travers du temps et de l’espace, s’accordant confortablement aux
mots, atterrissant n’importe où et observant le cosmos de cette
position avantageuse, puis redécollant. Bougeant avec la musique, en
osmose avec elle et décrivant ce qu’il voyait le long du chemin.
Son cosmos était une orchestration divine sans début et sans fin.
Dans son orchestre, les planètes et les étoiles étaient les
instruments, de grands Etres Célestes, et dans le jeu de leur
mouvement sans fin, elles se faisaient l’amour les unes aux autres,
résonnant en un concerto complexe en expansion perpétuelle
d’harmonies de plus en plus vastes. Celles de Rudhyar étaient un
univers, dans lequel chaque point ouvre dans un espace, et chaque
espace contient un simple point qui renvoie à des royaumes plus
vastes. Dans son univers, chaque point et tout point est central et
tous ces points sont dans un flux continu. Chaque circonférence
trace la trajectoire de quelque Etre immense, entouré d’autres
encore plus grands que lui. Dans l’univers de Rudhyar, il n’y
avait aucun point où rester immobile et aucune nécessité d’en
avoir un : dans un univers en perpétuelle expansion, chaque point
est central. Dans l’univers de Rudhyar, pas de peur, pas de
contraction, pas de séparation ; au contraire, chacun accède au
sens en communion avec le tout. Dans l’univers de Rudhyar, on ne se
pelotonne pas pour faire face au vide, mais on vole librement dedans,
en naviguant d’un point à l’autre dans des espaces plus petits
ou plus grands. L’impression de vertige que l’on ressent à la
lecture de Rudhyar provient, je crois, de sa conscience
multidimensionnelle. Et il n’avait que très peu conscience d’en
avoir une.
Wittgenstein et Rudhyar m’ont tous les deux
donné le vertige, mais différemment. Avec Wittgenstein, j’ai
expérimenté le vertige de la confusion ; je me suis sentie
étouffée, mais dans un monde ordonné au cours du processus de
désintégration, désintégration à laquelle Wittgenstein aspirait.
Il savait, quelque part en lui, même si cela restait étranger à
son esprit rationnel, que dans la confusion bourdonnante du cours de
sa vie physique se trouvait sa vie véritable, une indication vitale,
une vibration que la mentalité de son orientation scientifique avait
interdite. Je suis passée par là, je ressens les choses comme lui.
Avec Rudhyar aussi, j’ai expérimenté le vertige, mais dans la
joie de vivre, l’exaltation, une sensation d’ouverture si grande,
qu’elle m’a coupé la respiration ; ça m’a demandé des
efforts sans cesse renouvelés, et de travailler à englober, à
inclure encore plus. La confusion de Wittgenstein était fertile,
oui, c’était une aspiration à quelque chose, et la crainte de son
accomplissement, une aspiration à l’amour, à s’ouvrir à une
signification plus large, ainsi qu’une incapacité à le faire ou à
un refus d’y arriver. Wittgenstein me fait me sentir enfermée et
suffoquer ; je devais lutter pour m’en sortir. Rudhyar m’a
libérée.
Wittgenstein et Rudhyar ont découvert le vide et
cela les a emmenés dans les régions de l’inacceptable, les
laissant seuls, chacun dans son univers propre. Wittgenstein a vécu
la solitude comme une aliénation ; il était attiré et repoussé
par le vide qui, pour lui, n’avait pas de sens (ndlt : au sens de :
les 5 sens), ou alors au-delà des sens. Il était à l’extérieur,
à l’extérieur des murs de sa cage linguistique et culturelle,
apeuré de se sentir encore plus séparé ; il essayait de retourner
dans sa cage, d’identifier ce qui se passait en se rapprochant de
ce qu’il voyait et qu’il avait laissé derrière lui. Plus il
essayait de retourner à une vision normale, plus ce qui faisait
habituellement sens se dérobait à lui. Le vide n’était pas
seulement là, dehors, il était aussi dedans, à l’intérieur ;
aucun moyen de l’éviter, d’éviter la dérive, le manque de sol
pour se tenir dessus, ce manque de certitude, de sécurité. Et puis
en plus, paradoxalement, il savait aussi à un certain niveau que ce
flux pourrait être confortable, si il apprenait à nager. Rudhyar a
vécu la solitude comme une unité, l’unité totale. Rudhyar était
le genre de personne dont la conscience incluait la vastitude du
cosmos, là où le changement et la diversité étaient non seulement
identifiés et inclus, mais glorifiés. Sa conscience était unitaire
et extrêmement vaste : son vide était un espace en expansion
continuelle ; c’était une sorte de fluide universel, qui se tenait
au-dessous et au-delà de leur multiplicité.
C’est comme
si Wittgenstein représentait à la fois une reconnaissance et une
réaction à la perte de la certitude Cartésienne par le monde
scientifique, tandis que Rudhyar est sur ses talons, ouvrant
courageusement la voie au Présent en expansion éternelle. Il est
intéressant de noter que Wittgenstein est un Taureau qui préfère
la sécurité, alors qu’il était suivi de Rudhyar, un Bélier
ardent qui prend des initiatives. Tous deux étaient nés à l’époque
de la conjonction Neptune-Pluton en Gémeaux, ils représentaient les
anciennes et les nouvelles façons de faire symbolisées par cette
conjonction. Les philosophes et autres penseurs de bien des
disciplines comprenaient la tragédie de Wittgenstein ; beaucoup
d’entre eux aussi, craignaient les mouvements vers l’avant.
Rudhyar n’a toujours pas trouvé de large renommée, parce que le
genre de courage dont il a fait preuve est extrêmement rare. En
fait, malgré l’immense gratitude que j’éprouve pour Rudhyar,
parce qu’il m’a libérée du besoin de certitude intellectuelle
en m’ouvrant le champ de la relativité absolue, je suis restée
avec mon problème originel reconnu au moment où je suis entrée à
l’université il y a 25 ans : le clivage entre mon corps et mon
esprit. Rudhyar vivait à une époque différente. Ses intérêts
étaient célestes. La terre était tout simplement pour lui un point
dans un univers en expansion et l’ouverture de conscience de
l’astrologue était, potentiellement, tout-inclusive. Dans
l’univers de Rudhyar, l’humanité est identique à cette
conscience. Pour Rudhyar, être un relativiste, c’était être
libre de voir les choses de n’importe quel point de vue, n’importe
quelle dimension, n’importe quelle réalité. Ce qui permet d’avoir
une perspective qui s’élargit et se diversifie continuellement. En
principe, on peut penser que la pensée relativiste est la clé de la
transcendance humaine pour le factionnalisme et le préjugé, qui
font le lit de la cruauté et de la guerre. La conversion à la
pensée relativiste semble nécessaire, si on souhaite créer un
milieu transculturel où une véritable pratique de la paix peut être
élaborée en tant que base pour un changement dans les relations
humaines. Malheureusement cependant, le relativisme peut aussi – et
a été – être utilisé comme un autre type d’arme, pour
justifier des actions de toute sorte. Le relativisme dans l’éthique
est tout simplement devenu une excuse pour faire tout ce qu’on veut
et s’en laver les mains. Il me semble que c’est pourquoi beaucoup
de gens n’ont pas intellectuellement adopté le relativisme. D’un
point de vue éthique, ses conséquences apparaissent désastreuses.
Le relativisme intellectuel, en absence de véritable ressenti,
devient complètement inhumain, un exercice tout simplement abstrait.
Notre esprit une fois transformé, doit se relier à un cœur lui
aussi transformé pour agir et pour jouer sa partition dans le
respect de l’autre – ou même dans le respect d’autres aspects
de notre personnalité – de nos besoins émotionnels, des besoins
de notre corps, ou de notre âme.
Ce qui me ramène à ce
avec quoi j’ai commencé ce papier : il y a 25 ans, j’ai
découvert que la recherche de certitude intellectuelle est une
couverture au besoin de sécurité émotionnelle. Merci à Dane
Rudhyar, j’ai ensuite découvert que la fonction de l’intellect
était le jeu, le jeu joyeux de l’esprit transformé. Cependant, la
sécurité émotionnelle demeure un authentique besoin humain. Un
besoin que je ressens encore. Et bien sûr, je n’en ai pas terminé
avec la lecture de Rudhyar, ni avec celle de n’importe quelle étude
intellectuelle des travaux sur les étoiles. Mon but ultime est
d’intégrer la transformation en conscience, grâce à une
transformation qui me permette d’habiter mon corps. Intuitivement,
je sais que « la véritable sécurité ne peut être trouvée qu’à
l’intérieur » – une assertion à laquelle bien des gens
adhèrent, mais la comprennent-ils vraiment ? Savent-ils ce qu’ils
disent ? Je pense que la plupart des gens prennent cette assertion
pour quelque chose de « spirituel », c’est-à-dire qu’une fois
qu’on a la « paix de l’esprit », la vraie sécurité suit
automatiquement. Au contraire, mon sentiment c’est que la vraie
sécurité, aussi longtemps qu’il y aura des humains pour habiter
des corps sur la planète Terre, ne pourra être trouvée « que »
dans nos corps considérés comme des temples sacrés accueillant
l’Esprit. J’ai envie d’apprendre à accorder mon corps (ndlt :
comme on accorde un piano), d’être capable de sentir la vie – et
la conscience d’être en vie – dans chaque cellule individuelle.
Puis, en me concentrant sur mon corps transformé en moyen, en outil,
d’apprendre à m’accorder avec la Terre, avec la vibration de Son
corps.
Au travers de l’intégration d’un corps et d’un
esprit transformés, je veux transformer ma compréhension de
l’astrologie, je souhaite la particulariser, en l’ancrant dans
l’ici et le maintenant – en ce lieu et à cette heure. D’une
façon ou d’une autre, Rudhyar a parlé de façon abstraite du
besoin de voir chaque point comme une espace et chaque espace comme
un point, des besoins de se réaliser, de manifester, là ici dans ma
vie de tous les jours, l’expérience sans cesse renouvelée de mon
corps. Je sens qu’il y a une compréhension à laquelle nous,
astrologues, devons arriver. Et je ne pense pas que nous
l’atteindrons par des formulations abstraites. La direction que
nous devons prendre est en nous, dans nos cœurs. Nous avons besoin
de nous accorder au rythme de leurs battements universels pour réunir
nos corps et nos esprits. Nous avons besoin de comprendre les choses
en quittant la Terre pour aller dans les cieux, plutôt qu’en nous
élevant avec peine, en faisant semblant que c’est notre rampe de
lancement qui a fait le boulot pour nous, comme si ce n’était
rien.
Si chaque point dans l’univers est le centre des
choses, alors c’est là, sur ce point, ce lieu, que je vis et vous
aussi. Je ne comprends pas complètement ce que je viens de dire ;
tout ce que je sais c’est que pour moi, l’astrologie est devenue
trop abstraite, trop intellectuelle. Nous avons besoin d’apprendre
comment personnifier l’astrologie. Nous le ferons avec nos corps,
qui sont chacun les parcelles d’un corps plus grand, la Terre. Le
corps de la Terre est notre outil de communication avec les étoiles.
Il
nous faudra aller au-delà de Rudhyar Nous
avons besoin de monter sur les épaules de quelqu’un de plus grand
que nous.
On
peut lire la contribution d'Ann Kreilkamp en anglais dans le Rudhyar
Tribute d'Astrologie.ws à cette adresse :
http://www.astrologie.ws /rudh02.htm
11.Rudhyar
tribute : contribution de Helene Koppejan-van Woelderen
Astrologue
hollandaise vivant en Angleterre. Son mari, Willem Koppejan, était
lui aussi astrologue et chercheur, spécialisé dans la symbolique
des degrés du Zodiaque combinant les symboles Sabian de Marc Edmund
Jones et Dane Rudhyar avec d’autres approches surtout ésotériques
du même domaine, comme par exemple celle du français Janduz. Ils
ont écrit ensemble et séparément. Leurs œuvres sont écrites et
traduites surtout dans ces deux langues, le hollandais et l'anglais
et à ma connaissance pas en français. Ils ont monté ensemble la «
Library of Avalon » à Glastonbury, en 1977, pendant les deux
dernières années de la vie de Willem Koppejan. Helene Koppejan-van
Woelderen propose maintenant un certain nombre d’activités autour
de l’idée de ce qui s’appelle la « Glastonbury Experience »,
manifestation annuelle qui tourne et s'élargit autour de la mythique
Avalon et de ses fées bien connues des spécialistes du Roi Arthur
et de la quête du Graal. C'est souvent un hommage à la Déesse
Mère.
DANE
RUDHYAR ET SON CONTACT AVEC LES PAYS BAS
On
peut décrire le très doué Dane Rudhyar de bien des façons.
Personnellement, pour ce faire, j’ai déjà utilisé une des
lectures qu’il a faites le 29 août 1962 pour le « Het Open Veld »
à Zeist, en Hollande, où il était passé pour un « phénomène ».
Il disait dans une des 50 lettres qu’il m’a adressées : « ça
m’a beaucoup amusé qu’on utilise ce terme - phénomène - pour
parler de moi, parce que quand j’avais 18 ans, un homme en France,
au bord de la mer, dans l’hôtel où nous séjournions, m’appelait
le phénomène, au lieu d’utiliser mon vrai nom. En français, la
signification de « phénomène » est très différente de celle de
l’anglais, elle se rapproche plutôt de l’américain « wonder
boy » (ndlt : connotation un peu magique). (lettre du 6 novembre
1962).
J’aimerais
mettre en lumière une petite période de la vie phénoménale de
Rudhyar, son contact avec les Pays Bas, dont je fus moi-même
l’instrument, en lui permettant de nouer des liens avec Carolus
Verhulst qui l’avait rencontré en 1962, et qui était à l’époque
l’éditeur de Servire, où furent publiés 9 des livres de Rudhyar
en Anglais. A l’époque, j’étais une astro-psychologue débutante
d’à peine 30 ans. Comme nous nous étions rencontrés en 1958 à
Los Angeles, Rudhyar avait décidé de venir me voir en Hollande
pendant son voyage en Europe en 1960.
En
reparcourant mes notes sur Rudhyar, je me souviens d’une après-midi
très chaude de 1958 à Hollywood. Je marche le long d’une allée
de palmiers, et puis j’entre dans l’immeuble où je dois
rencontrer l’homme connu pour être le plus important « astrosophe
» Américain. J’ai son livre « L’Astrologie de la personnalité
» dans ma bibliothèque personnelle en Hollande. Je vois Rudhyar en
haut de la cage d’escalier, légèrement voûté, il est élégant
et il porte une barbe sombre. Notre conversation va son train.
Parfois, il se frotte les yeux. Il a une sorte de grippe chronique,
me dit-il, dûe au brouillard de Los Angeles, et il ajoute qu’on ne
devrait pas vivre là. Je lui demande : « Voulez-vous que je
revienne plus tard ? ». Non, me dit-il, ça lui fait du bien de
rencontrer quelqu’un qui vient d’Europe. Et puis la conversation
reprend, ses mains se joignent à ses paroles, ses yeux s’allument
et je me retrouve face à un être humain extrêmement sociable,
hautement sensible au contact et à l’échange qui lui manquent
habituellement, ou dont il a l’air capable de se couper par moments
sur une impulsion.
Il
dit que la mentalité d’Hollywood et le manque d’intérêt
qu’elle manifeste pour sa façon de voir les choses le dépriment.
Il parle de musique et de Stravinsky, il me montre ses dessins, il me
fait écouter ses compositions enregistrées, il oublie les problèmes
qu’il a aux yeux et manifeste tout à coup un enthousiasme qui
transforme en un instant, comme par magie, un homme âgé et fatigué,
en esprit jeune et fascinant. Il agite ses mains, il tire sur sa
barbe, il philosophe sur l’Europe, puis tout à coup s’énerve à
propos de ces femmes qui n’ont que des problèmes de couples, mais
il s’en excuse rapidement et remet la problématique dans une
perspective plus intéressante. Puis il se demande qui il est, un
homme entre deux mondes, ni Américain, ni Européen. Qui s’intéresse
à la cosmologie ? Il n’y a que le sexe et l’argent qui comptent.
Est-il en avance sur son temps ? Ou alors complètement en dehors de
la réalité ? Aurait-il du rester en Europe ?
«
Mais, Monsieur Rudhyar, d’où venez-vous ? En Hollande, les gens
pensent que vous êtes Oriental. » Un geste brusque : « Oh, le
passé, c’était il y a si longtemps ». Puis il se fait silencieux
et semble vouloir reprendre contact avec sa fatigue. Et puis non, pas
du tout. « Où êtes-vous né, qui êtes-vous ? Racontez-moi votre
vie, s’il vous plait. » Dans la pièce, il y a un magnétophone,
un tourne-disques, quelques livres dans une petite bibliothèque,
quelques dessins abstraits sont épinglés au mur. Tout parle d’un
lieu de vie temporaire. « Oui », dit-il, et comme s’il lisait
dans mon esprit, « Tout ce qui m’appartient, mes peintures, tout
se trouve à Santa Fe. C’est là, au Nouveau Mexique, que j’ai
vécu des années avec ma femme. C’est un endroit très
intéressant, où il y a encore des Indiens Pueblos. Vous devriez y
aller. » Et il me montre une grosse bague en argent où se trouve
sertie une malachite verte, taillée comme un diamant. « C’est
Indien ». Il regarde autour de lui. « Oh, je suis temporairement
ici, j’ai divorcé de ma seconde femme en 1954, elle a préféré
un homme qui vivait de façon plus conventionnelle. Où vais-je aller
ensuite ? Probablement dans le désert, ou alors en Europe … ». Il
a un beau et fugace sourire. « Après 50 ans … Ah oui, où je suis
né ? Non, pas en Asie. Je suis né à Paris. Dans la vieille Europe,
et dans une famille ancienne démunie à la lignée en voie
d’extinction. » Et le voilà qui sourit à nouveau et reprend ses
manières aristocratiques exquises.
Puis,
soudain, il m’inspire de la compassion. Cet homme ne colle pas au
décor d’Hollywood, il est bien trop délicat. Un château au bord
de la Loire, quelque endroit en relation avec le passé, un toit
d’aristocrate sur la tête, qui lui permettrait d’échapper au
monde et d’en penser un autre, voilà qui lui conviendrait. Non,
décidément, cet homme n’appartient pas à ce Los Angeles avec ses
millions de voitures, sa poussière et son bruit. Mais à quel lieu
appartient-il ? « Rudhyar est mon pseudonyme depuis que j’ai 16
ans. Il appartient à un temps où j’ai laissé mon passé Français
derrière moi. » Et puis il me raconte sa vie aventureuse : l’homme
qui s’est donné le nom de Dane Rudhyar est né le 23 mars 1895 à
Paris. Il était le tout dernier enfant précoce d’une lignée
presque éteinte. À 16 ans il avait déjà son baccalauréat en
philosophie, il étudiait le droit et il avait déjà écrit son
premier livre sur Claude Debussy qui fut publié par Durand en 1913,
tandis qu’il composait aussi des œuvres pour piano. Puis, il est
entré au Conservatoire de Paris, il a écrit des articles
révolutionnaires sur la musique et la danse. Il évoluait dans le
monde parisien des arts, au sein duquel il était perçu comme
faisant partie de la jeunesse avant-gardiste. Au début de la
première guerre mondiale, il devint le secrétaire du sculpteur
Rodin. Puis, tout à coup, au milieu de la guerre, il a mis fin à sa
courte carrière. Sa passion pour l’aventure s’est réveillée,
et il s’est embarqué pour le nouveau monde. Il a coupé absolument
tous les liens avec son passé, la France était morte pour lui et il
a adopté définitivement ce nom qui « sonnait » à l’orientale.
Quand Dane
Rudhyar est arrivé à New York, il a rencontré un succès immédiat.
Pierre Monteux a dirigé ses compositions au Metropolitan Opera.
Rudhyar a voyagé dans tous les Etats Unis, au Canada, où il faisait
des lectures ultra modernes sur la musique polytonale. Il écrivait
des livres, des articles sur « La renaissance de la musique Hindoue
», le système à 12 tons. Il travaillait pour le « Musical
Quarterly », il composait, et il a gagné un prix de 1000 $ pour son
poème symphonique « Soul Fire ». Il donnait lui-même des
concerts, il avait même écrit quelques pièces pour le cinéma
d'Hollywood. Dans les années d’après-guerre, de 1918 à 1922, les
idées brillantes de ce jeune Oriental mystérieux d’à peine 25
ans étaient reçues très favorablement. Passés les 30 ans, son
talent capable de s’exprimer sur plusieurs plans devint de plus en
plus évident, même si plus tard, il décida de moins se disperser.
Il écrivait de plus en plus et donnait des cours sur « La
libération par le son » (1931), la philosophie, les nuances de la
psychologie cosmique (une matière totalement inconnue dans les
années 30).
Puis,
soudain, en 1938, une nouvelle facette de ses possibilités se révèle
soudain à lui. Il se sent poussé à peindre et rejoint le Groupe de
Peinture Transcendantale, puis écrit un livre sur ce groupe. C’est
au cours de cette période qu’il s’est engagé dans une direction
idéologique dont il s’arrachera d’ailleurs plus tard, à sa
façon habituelle, passionnée et drastique. Le combat qu’il a
livré avec lui-même au cours de ces années et qui l’a amené à
développer ses idées les plus personnelles, il l’a raconté dans
« Modern man’s conflicts : the creative challenge of a global
society », publié en 1949 par la Philosophical Library, New York.
(ndlt : ce livre n’a pas été traduit en français). En 1945, il
se marie pour la seconde fois, avec la sœur d’un peintre Russe
très connu, et puis il réoriente complètement ses activités. En
association avec le psychiatre Moreno, ils montent, lui et sa femme,
des départements de psychodrame en Iowa et en Californie. Il donne
des consultations d’astro-psychologie, il revient aussi à la
composition, il écrit des quintettes. En 1954, sa femme lui demande
le divorce. À partir de ce moment-là et jusqu’en 1962, il ne fera
que publier des articles pour des revues d’astrologie, ainsi que
des séries de petits livres « semence » mensuels, qui sont autant
de lettres philosophiques s’adressant à un tout petit cercle
d’amateurs qui s’intéressaient à sa pensée, mais dont le
nombre de membres allait en s’amenuisant ….
Il
est retourné en Europe en 1959, alors qu’il l’avait quittée
pendant 50 ans, pour une très courte visite à Paris et à la
Suisse. Mais en fait, pour lui c’était comme si l’Europe lui
décochait des flèches de feu et d’énergie. Le continent de sa
jeunesse était mourant quand il l’avait laissé derrière lui,
mais sur le plan spirituel, il était à la fin des années 50, plus
que vivant. De retour aux Etats Unis, il n’a pu y rester très
longtemps. Il lui fallait absolument retourner en Europe, ce qu’il
fit en 1962 pour une visite à la France, à l’Angleterre et un
séjour aux Pays Bas où il fit une courte lecture et où ceux de ses
livres qui étaient publiés, ne l’étaient déjà plus depuis
longtemps aux Etats Unis. Servire a publié respectivement en 1962 et
en 1963 « Le rythme du Zodiaque » et « L’Astrologie de la
Personnalité » en Anglais. Puis en 1963, Rudhyar est revenu à
nouveau en Europe, alors qu’à l'époque il séjournait à New York
et il a pris de nouveaux contacts. C’était l’époque où il
développait une nouvelle vision philosophique du monde.
Il
est impossible de résumer ses idées dans ce court article. Il faut
lire ses livres vous-mêmes. Les idées de Rudhyar tournent comme des
atomes autour d’un noyau, qu’il a formulé comme étant la
puissance créative de l’univers et qui rassemblent un nouveau type
d’êtres humains grâce à une nouvelle relation interpersonnelle
qui changera tous les processus sociaux. Il veut évoquer une «
semence pour une vie plus large ». La possibilité existe, dit-il,
que l’homme d’aujourd’hui s’éveille à la possibilité (qui
vient d'une impulsion donnée par le cosmos, ça c’est bien du
langage de Bélier !) d’un instant nouveau, d’un jour nouveau,
qui se produit dans toute relation sous la forme d’un mystérieux
élément plus, une sorte d’ion positif. Chaque contact, chaque
relation, dégage un nouveau pouvoir qui nous transforme. Le
particulier se trouve dans la rencontre, dans la relation
interpersonnelle. En cela, Rudhyar est très proche des philosophes
français existentialistes (c’est d’ailleurs très intéressant
pour le subconscient collectif, que Rudhyar ait coupé tous les liens
avec son pays natal jusqu’en 1959). Très souvent, la femme et son
statut sont impliqués dans les pensées de Rudhyar. La femme en tant
qu’antipôle potentiel dans la relation. C’est spécialement chez
les femmes qu’il voit que la semence pour un nouveau monde peut
émerger de la catharsis, de la purification et de la destruction
partielle du vieux monde à la fin du cycle. Rudhyar parle souvent de
la notion de cycles et d’un nouvel ordre des
choses.
Astrologiquement, notre relation est claire : le
Soleil de Rudhyar au degré 3 du Bélier dans la Maison III est
exactement conjoint à mon Jupiter conjoint Uranus, tous les deux sur
le degré 3 du Bélier et dans ma Maison III (je suis née le 20 août
1927 à Flushing aux Pays Bas et j’ai l’Ascendant à 27°
Sagittaire). Bien sûr cet esprit brillant devait trouver de nouveaux
encouragements grâce à moi, qui pourrai lui permettre de republier
à nouveau, alors qu’il était dans une sorte d’impasse dans les
années 60. Lors de sa première visite aux Pays Bas, il est venu me
voir à La Haye, le 9 novembre 1960. J’avais organisé pour lui une
rencontre avec Wim Koppejan, mon mari, qui était alors le seul à
avoir fait des liens entre le travail du Français Janduz et celui de
l’Américain Marc Edmund Jones sur les degrés symboliques et bien
entendu sur le travail de Rudhyar. Le jeune Niek Scheps (ndlt :
astrologue hollandais) était là aussi, comme d'autres gens connus.
Rudhyar m’écrivit plus tard : « J’aime beaucoup ce qui se passe
à La Haye », puis ensuite quand il fut rentré en Amérique : «
L’Europe me manque, particulièrement Paris et le peu de gens que
j’ai rencontré autour de vous – et vous ! Mais bien sûr, vous
êtes très européenne et moi je ne suis nulle part, je n’appartiens
plus à aucun endroit, et ça me rend d’autant plus solitaire. »
(lettre du 16 septembre 1960). En 1961 il est venu à Paris par
bateau et il y a passé l’été.
L’été
suivant, en 1962, il est revenu en bateau de New York, il a fait une
lecture à Zeist, aux Pays Bas, il a rencontré Carolus Verhulst et
il est revenu nous voir à La Haye. Puis il m’a demandé de rester
en contact avec Servire et d’organiser un rendez-vous avez lui pour
le printemps suivant. Je me suis débrouillée pour que l’Ecole
Internationale « voor Wijsbegeerte » à Amersfoort soit intéressée.
Et entretemps, Rudhyar est retourné en Californie en bateau et en
train. Il avait presque 68 ans et se plaignait dans ses lettres du
bruit, du froid, d’une fatigue constante, il disait qu’il avait
des problèmes avec la lumière et son ophtalmologiste depuis qu’il
avait des problèmes sérieux aux yeux.
En
1963, il a fait le voyage sur le s.s. « Maasdam » et il a débarqué
à Rotterdam. Il s’est reposé une journée à La Haye et nous
sommes allés ensemble à l’école d’Amersfoot, où des
admirateurs l’attendaient déjà. Ce fut un week-end très intense.
Le sujet en fut « L’émergence d’une société globale » et les
trois lectures qu’il fit : « La transformation psychologique », «
La situation Historique » et « La Planète comme « Champ »
d’activités structurées interdépendantes et la Fonction de
l’Homme en leur sein ». (Il m’écrivit plus tard le plaisir
qu’il eut à recevoir 300 Florins pour son week-end !). Et
maintenant, trente ans plus tard, tout ce qu’il a évoqué au cours
de ce week-end est devenu concepts et mots courants. Mais en 1963,
tout ça était complètement nouveau pour l’audience Hollandaise.
Rudhyar a toujours été en avance sur son temps et il était bien
entendu incompris.
Ce fut son dernier voyage en Hollande et
autant que je sache, ce fut aussi le dernier en Europe.
À
l’été 1963, il a épousé sa troisième femme, Tana. Ce qui
initia, grâce à son aide, sa plus longue période d’écriture et
de publication aux Etats Unis. Sa dernière période créative
démarra quand il épousa Leyla Raël à l’âge de 79 ans, en 1976,
qui l’assista jusqu’à la fin de sa vie dans ses publications.
Après la
mort de mon mari en 1979, Rudhyar m’a poussée à publier notre
travail commun sur les images des degrés symboliques en Anglais. Il
n’a malheureusement pas vécu assez longtemps pour voir la
publication du « Zodiac Image Handbook » ou de « Beeldgids » en
1990.
Qu’est-ce
que Rudhyar a à nous dire en Europe au travers de tout cela, en tant
qu’être humain ayant vécu entre deux continents, ce qui a du le
faire voler en éclats ? Sommes-nous plus profonds que lui, ou
reste-t-il encore aujourd’hui l’homme d’une nouvelle impulsion
révolutionnaire ?
Quoiqu’il en soit, il fut un pionnier et
un génie, il a eu un passé glorieux et il vaut toujours la peine
aujourd’hui, d’être rencontré et entendu grâce aux cassettes
qu’il a enregistrées et grâce à ses livres. Il peut toujours
nous donner la semence d’une vision pour une humanité nouvelle.
«
Rudhyar est un homme de vision profonde et pénétrante,
dont
les écrits illuminent la vie. »
(Claude Bragdon)
On peut lire la
contribution d'Helene Koppejan-van Woelderen au Rudhyar Tribute en
anglais à cette adresse :
Astrologue
hollandaise, maintenant décédée, qui fut à l’origine de la
publication du Rudhyar Tribute. C’était son idée, c’est elle
qui a pris contact avec tous les astrologues qui ont participé à
cet hommage et qui les a réunis à l’occasion du 100ème
anniversaire de la naissance de Rudhyar en 1995.
Voici
donc l’épilogue
qu’elle a écrit et qu’on trouve à la toute fin du Rudhyar
Tribute, juste avant un poème de Rudhyar « Odes à la Joie », que
je vous traduirai ensuite :
La
« potentialité infinie et sans bornes de l’existence, ainsi que
la présence de l’UN » inhérents à chaque être humain se sont
clairement manifestés en l’homme Dane Rudhyar, comme chacun des
auteurs de cette publication l’ont mis différemment en lumière.
La vision du mystique a pénétré toutes les manifestations de la
matière, tandis que l’artiste continuait à se battre pour donner
forme à cette vision afin qu’elle corresponde à l’image qu’il
s’en faisait. Sa créativité immense, inspirée, sa vision
lumineuse ont fait de lui un véritable « agent de la puissance
divine qui vibre au cœur de la Terre et dans le cœur de chaque être
humain ».
Dans
la quête humaine d’ordre et de sens qu’est la vie, Rudhyar a
montré comment nous pouvions transformer notre chaos en cosmos
universel et comment actualiser notre potentiel de naissance au
niveau le plus haut que nous puissions chacun atteindre. Son «
Mandala astrologique » permet de comprendre que l’astrologie est
un langage universel symbolique, si nous utilisons comme un Yi King
contemporain les phases du cycle symbolique de transformation des
360°.
Son
astrologie donne du sens à nos problèmes personnels et
interpersonnels et répond à notre besoin de sécurité intérieure,
en nous permettant de comprendre quelle est notre place et notre
fonction dans l’ordre universel. Elle nous montre que tout dans la
vie a du sens : la corrélation entre nos découvertes scientifiques
dans le micro et dans le macrocosme, l’univers, l’humanité et
chacun d’entre nous, la corrélation entre l’intérieur et
l’extérieur, l’au-dessus et l’en-dessous, le tout contenu dans
le même langage symbolique qu’est l’astrologie.
Rudhyar
a aussi été un exemple pour nous tous d’une autre manière : il
est resté une source indomptable d’inspiration malgré les
problèmes qu’il a rencontrés tout au cours de sa vie et qui ont
pris des formes et des chemins très différents. Astrologiquement
parlant il n’est pas seulement allé au-delà des limites
saturniennes qui sont le lot de la vie sur la planète Terre, il a en
aussi compris la valeur, ce qui lui a permis de trouver le moyen de
les traverser et donc d’instiller la profondeur du sens dans son
œuvre afin qu’elle s’adresse à tous les humains.
L’œuvre
de Rudhyar sera toujours comprise à une grande variété de niveaux,
mais il en est de même pour la vérité universelle : elle doit
s’appliquer à chacun des niveaux que nous parcourons, tandis que
nous grandissons, ce qui fait qu’à chaque palier, nous comprenons
cette œuvre différemment.
La
vérité universelle est absolue – nous sommes ceux qui devons
grandir en compréhension, en faisant l’expérience de la vie sur
Terre, avec nos opposés et une certaine relativité dans un monde
défini par l'espace-temps.
Que
son œuvre inspire autant de personnes que possible à entrer Dans
la « PLÉNITUDE DE L’EXPÉRIENCE HUMAINE »