La route illuminée
"L'esprit est la réalisation créatrice de chaque instant, l'intégration du commencement et de la fin en une synthèse
dont la naissance et la signification se renouvellent à chaque instant" (Dane Rudhyar)
 
 
"Apprenez vos théories aussi bien que vous le pouvez puis mettez les de côté quand vous entrez en contact avec le vivant miracle de l'âme humaine." C.G Jung

   Accueil      Satprem - L'avenir de la terre selon Aurobindo

 
Satprem nous parle de l'avenir de la Terre selon la vision de Sri Aurobindo
 
Parfois une grande pensée errante voit les âges encore inaccomplis, saisit la force dans sa coulée éternelle et précipite sur la terre la vision puissante qui est comme un pouvoir de rendre réel ce qu'est la vue
 
Sri Aurobindo est cette vision et ce pouvoir de précipiter le futur dans le présent.
 
Un instant, il a vu et ce qu'il a vu des âges vont l'accomplir, des millions d'hommes sans savoir vont se mettre en quête de l'imperceptible frémissement nouveau qui a envahi l'atmosphère de la Terre.
 
Et Sri Aurobindo est une action vivante, une parole qui se réalise et nous pouvons chaque jour et sous les milles circonstances qui semblent déchirer la terre et renverser ses structures, voir le premier reflux de la force qui l'a mise en branle.
 
Au début de ce siècle, quand l'Inde se battait encore contre la domination britannique, Sri Aurobindo s'écriait, ce n'est pas seulement une révolte contre l'empire britannique qui est nécessaire, mais  une révolte contre la nature universelle toute entière.
 
Car le problème est fondamental, il ne s'agit pas d'apporter une nouvelle philosophie au monde, ni de nouvelles idées, ni des illuminations, il ne s'agit pas de rendre la prison plus habitable, ni de doter l'homme de pouvoirs toujours plus fantastiques, avec tous ces microscopes et ces télescopes, le gnome humain reste gnome, douloureux et impuissant. Nous envoyons des fusées sur la lune mais nous ne connaissons même pas notre propre coeur.
 
Il s'agit, dit Aurobindo, de créer une nouvelle nature physique, qui sera l'habitation d'un être supra mental au sein d'une nouvelle évolution.
 
Car, en vérité, dit-il, l'imperfection de l'homme n'est pas le dernier mot de la nature mais sa perfection non plus, n'est pas le dernier pic de l'esprit. Par delà l'homme mental que nous sommes, s'ouvre la possibilité d'un autre être, qui prendra la tête de l'évolution comme un jour l'homme a pris la tête de l'évolution parmi les singes.
 
Si l'animal, dit Aurobindo, est un laboratoire vivant dans lequel la nature a, dit-on, façonné l'homme, l'homme lui-même est aussi, peut-être, un laboratoire pensant et vivant, dans lequel et avec la coopération consciente duquel la nature façonnera le surhomme, le dieu.
 
Et Sri Aurobindo vient nous dire comment faire cet autre être, cet être supra mental, et non seulement nous le dire mais le faire. Ouvrir le chemin de l'avenir, précipiter sur la terre le rythme de l'évolution, la vibration nouvelle qui remplacera la vibration mentale et nous donnera le pouvoir de briser les murs de notre prison humaine 
 
Et elle craque déjà notre prison. La fin d'un stade de l'évolution, écrit Sri Aurobindo, est généralement marquée par une puissante recrudescence de ce qui doit sortir de l'évolution. Cet éclatement paroxystique de toutes les vieilles formes. Nous le voyons partout autour de nous, nos frontières, nos églises, nos lois, nos morales s'écroulent de tous les côtés. Et elles ne s'écroulent pas parce que nous sommes méchants, immoraux, ireligieux, ni parce que nous ne sommes pas assez rationnels, pas assez savants, pas assez humains mais parce que nous en avons fini d'être humain, fini la vieille mécanique.
 
Parce que nous sommes en transition vers autre chose. Ce n'est pas une crise morale que la Terre traverse, c'est une crise évolutive. Nous ne sommes pas en marche vers un monde meilleur ou pire, nous sommes en pleine mutation vers un monde radicalement différent, aussi différent que le monde de l'Homme pouvait être différent du monde des Singes au Tertiaire. Nous entrons dans une nouvelle Ère ! Dans un quinquénaire supra mental. On quitte son pays, on erre sur les routes, on se met en quête de drogues, en quête d'aventures, on fait des grèves ici, des réformes là et des révolutions encore. Mais en fait il n'y a rien de tout cela, on est en quête de l'être nouveau, sans le savoir, on est en révolution humaine. Et Sri Aurobindo nous donne la clé.
 
Il est possible que le sens de notre propre révolution nous échappe parce que nous voulons prolonger l'existence, le raffiner, l'améliorer, le sublimer, mais le singe, lorsqu'il était en pleine révolution simiesque pour produire un homme aurait peut-être commis la même erreur . Il aurait voulu faire un super singe capable de mieux grimper aux arbres, mieux chasser, mieux courir, mieux doté d'agilité et de malice.
 
Nous avons voulu, aussi avec Nietsche, faire un surhomme qui n'était qu'un super homme ou avec les spiritualistes, faire un super saint mieux doté de sagesse mais nous n'avons que faire de la sagesse et de la vertu humaine, même poussés leur paroxysme c'est encore la vieille pauvreté dorée, l'envers glorieux de notre tenace misère. La surhumanité, dit Sri Aurobindo, n'est pas l'homme grimpé à son zénith naturel, pas un degré supérieur de la grandeur humaine, de la connaissance, du pouvoir, de l'intelligence, du génie, de la sainteté, l'amour, la pureté ou la perfection humaine. C'est autre chose.
 
Une autre vibration d'être. Une autre conscience. Mais si cette conscience ne se situe pas sur les sommets de l'humain où donc la trouverons-nous ? Peut-être tout simplement dans ce que nous avons le plus négligé depuis que nous avons entrepris ce cycle mental : le corps, c'est notre base, notre fondement évolutif, la vieille souche à laquelle nous revenons toujours et qui se rappelle douloureusement à nous, en nous faisant souffrir, vieillir, mourir. C'est là le vieux mal jamais guéri, la racine jamais changée, l'obscure matrice de notre misère, à peine différente de ce qu'elle était du temps des lémuriens.
 
C'est notre substance physique qu'il faut changer, sinon elle jettera bas l'un après l'autre tous les artifices humains ou surhumains que nous voudrons coller dessus. Ce corps, cette substance physique, cellulaire, contient des pouvoirs tout puissants, dit Sri Aurobindo, une conscience emprisonnée qui recèle toutes les lumières et toutes les infinitudes autant que les immensités mentales et spirituelles, car, en vérité, tout est divin, et si le seigneur des univers n'est pas dans une petite cellule, il n'est nulle part
 
C'est cette obscure prison originelle, cellulaire, qu'il faut briser et tant que nous ne briserons pas celle-là nous continuerons à tourner en vain dans les cercles d'or ou de faire de notre prison mentale. Les soi-disant lois absolues de la nature, dit Sri Aurobindo, sont simplement un équilibre établi par la nature, un sillon dans lequel elle s'est habituée à travailler afin d'obtenir certains résultats. Mais si vous changez de conscience, le sillon changera aussi, inévitablement. Telle est la nouvelle aventure à laquelle Sri Aurobindo nous convie
 
Bon gré mal gré, la terre entière est en train de passer dans un nouveau sillon, mais pourquoi pas de bon gré ?
 
Pourquoi ne collaborerions nous pas à cette aventure jamais courue, à notre propre évolution au lieu de répéter mille fois la vieille histoire, au lieu de courir après des paradis artificiels qui n'étanchent pas notre soif ou des paradis de l'au-delà qui laissent la terre pourrir avec nos corps. Pourquoi commencer si c'est pour en sortir ? s'écriait la Mère (c'est elle qui continue l'oeuvre de Sri Aurobindo) A quoi sert-il d'avoir tant lutté, tant souffert, d'avoir créé une chose qui dans son apparence extérieure au moins est si tragique et dramatique ? Si c'est simplement pour apprendre à en sortir,il aurait mieux valu ne pas commencer
 
L'évolution n'est pas un chemin tortueux, pour en revenir un peu meurtri, au point de départ, c'est tout au contraire dit la Mère pour apprendre à la création totale la joie d'être, la beauté d'être, la grandeur d'être, la magesté d'une vie sublime et le développement perpétuel, perpétuellement progressif de cette joie, cette beauté, cette grandeur, alors, tout a un sens.
 
Ce corps, cette obscure bête de somme,  est le terrain d'expérience du yoga de Sri Aurobindo qui est un yoga de la terre entière, car on peut comprendre que si un seul être parmi nos millions de souffrances arrive à opérer le saltus évolutif, la mutation du prochain âge, la face de la terre s'en trouvera changée et tous les soi-disants pouvoirs dont nous nous glorifions maintenant apparaîtront comme des jeux d'enfants devant ce rayonnement de l'esprit tout puissant incarné dans un corps. Sri Aurobindo nous dit que c'est possible,non seulement que c'est possible mais que çà se fera.
 
C'est en train de se faire et tout dépend peut-être non pas tant d'un effort sublime de l'humain pour transcender ses limites que d'un appel, d'un cri conscient de la Terre vers cet être nouveau qu'elle porte déjà en elle-même. Tout est là, déjà là dans nos coeurs mais il faut que nous l'appelions dans notre forêt de béton, il faut que nous comprenions notre sens, il faut que le cri multiplié de la terre, de ces millions d'hommes qui n'en peuvent plus, n'en veulent plus de leur prison créent une faille par laquelle jaillira la vibration nouvelle. Alors toutes ces lois apparemment inéluctables qui nous enferment dans leur sillon héréditaire et scientifique s'écrouleront devant la joie des fils aux yeux de soleil. N'espérez rien de la mort dit la Mère, la vie est votre salut. C'est en elle qu'il faut se transformer, et ne laisse point la prudence du monde murmurer à tes oreilles, dit Aurobindo, car c'est l'heure de l'inattendu.
 




Satprem
Avenir de la Terre
 
 
 
Satprem





Mère et Aurobindo
 

Aurobindo jeune